Cameroun : près de 60 morts dans les zones en crise.

Cameroun : près de 60 morts dans les zones en crise. Actualité & Info | Éditions Afrique

Le Cameroun est en guerre ; une guerre silencieuse qui fait des morts, un peu plus chaque jour. Précisément dans les régions du Nord-Ouest, Sud-ouest (NOSO) et l’extrême-Nord, les crises sécuritaires ont, depuis le 29 mai dernier, causé une nouvelle série de décès.

Seulement entre le 30 mai et le 10 juin 2022, plusieurs événements tragiques se sont produits et enchaînés. Entre sang et larmes, il en ressort un bilan très lourd. Ce sont des morts par dizaines que l’on enregistre sur les fronts sécuritaires Nord-Ouest, Sud-Ouest et Extrême-Nord Cameroun.

Pendant cette courte période, au moins 57 personnes ont perdu la vie. Des civils à l’armée, en passant par le camp des séparatistes ou encore des membres de la secte terroriste Boko Haram. La dernière tragédie en date est l’incendie de l’hôpital de district de Mamfé qui vient ainsi s’ajouter à la liste déjà très longue, pertes matérielles.

La crise anglophone du NOSO

Sur le front Nord-Ouest et Sud-Ouest, la crise dite anglophone qui a débuté en 2016, ne cesse de faire des victimes. Sur la période indiquée plus haut, elle a, à elle seule, causée plus de décès que le front septentrional.

Selon des sources médiatiques, le 29 mai dernier, une incursion des séparatistes anglophones se solde par la mort de 24 civils. Cette incursion s’est déroulée dans la localité de Kajifu, arrondissement d’Akwaya, département de la Manyu région du Sud-Ouest.

Au lendemain de cet incident malheureux, l’armée régulière a neutralisé une dizaine de séparatistes. Le ministère de la Défense (Mindef) informe que ces hommes armés sont tombés au cours de l’opération ayant conduit à la libération de la sénatrice Elizabeth Regina Mundi, qui était détenue en captivité depuis le 30 avril.

Des attaques à répétition

Au NOSO, la crise ne semble pas se diriger vers sa fin. Bien au contraire, la situation est telle qu’il s’y passe une succession d’incidents meurtriers.

Dans la soirée du mercredi 1er juin 2022 aux environs de 18h30, quatre éléments des forces de défense et de sécurité ouvrent le feu sur les villageois. Parmi les neuf personnes tuées, nous comptons une fillette de 18 mois, quatre femmes et quatre hommes. Un communiqué du Mindef informe que le drame s’est déroulé dans la localité de Missong par Zhoa arrondissement de Fungom, département de la Menchum région du Nord-Ouest.

Dans la nuit du 07 au 08 juin, cinq gendarmes sont tués. Les faits ont lieu dans le département du Noun, région de l’Ouest. En provenance de la région du Nord-Ouest, les assaillants se sont rendus dans la localité de Kouoptamo, département du Noun, région de l’Ouest Cameroun, où ils ont fait irruption au poste du Groupement polyvalent d’intervention de la gendarmerie nationale. Ce poste est situé entre Ngoketundjia dans la région du Nord-Ouest et Njitapon dans la région de l’Ouest.

La guerre du septentrion

Pendant ce temps, sur le front de l’Extrême-Nord, une attaque des milices armées islamistes perpétrée le 31 mai 2021 entraîne la mort de sept personnes. À la suite de cette incursion de Boko Haram dans un village de la région, le bilan est de trois civils tués et quatre soldats tombés au cours de l’attaque.

Outre les pertes en vies humaines occasionnées par les guerres sur ces deux fronts, l’on déplore aussi les pertes matérielles dont la plus récente est l’hôpital de district de Mamfe. Sur les 12 bâtiments que compte cette infrastructure, neuf sont partis en fumée dans la nuit du 08 juin 2022. Alors que le Mindef n’a encore fait aucun communiqué à ce sujet, l’acte reste cependant attribué à un groupe d’hommes armés non identifiés, qui seraient probablement des séparatistes.

Guerre silencieuse

Si la guerre du septentrion est plus connue de la population et du monde, c’est notamment parce qu’elle implique le groupe armé de terroristes Boko Haram, qui sévit également au Nigeria. Cette guerre qui a été très médiatisée dès le début, a cependant vu une certaine baisse de ferveur de la part des médias.

Ce qui n’est pas le cas de la crise du NOSO qui n’a pas souvent connu le même degré d’attention. Elle n’a d’ailleurs été reconnue qu’il y a très peu, à la suite de plusieurs massacres. L’Etat camerounais décide alors d’intervenir enfin et nous assistons au grand dialogue national.

Tenu le 30 septembre 2019 à Yaoundé, capitale politique du pays, près de 3 ans se sont écoulés sans que nous n’ayons l’impression que les questions majeures ont obtenu des réponses et que les problèmes soulevés ont obtenu des solutions ; sinon, comment expliquer que les attaques meurtrières se poursuivent et plus récemment, l’incident à Mamfé ?

Aujourd’hui, l’empathie a laissé place à l’indifférence. Les chiffres qui dénotent des bilans après chaque incident, n’émeuvent plus et paraissent même satisfaisants comparés les uns aux autres. Ses nombreuses pertes en vies humaines et en bien matériels des deux camps, ses conséquences pour les survivants et l’indifférence totale, ont poussé le Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC) à classer la crise anglophone du Cameroun (et du septentrion) à la troisième place de son classement des crises humanitaires les plus délaissées en Afrique.

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