Guinée : Le plan de transition dévoilée

Plus de 7 mois après le coup d’Etat ayant chassé du pouvoir l’ex-président Alpha Condé, colonel Mamady Doumbouy, chef de la junte militaire a annoncé, samedi 30 avril, avoir opté pour une durée de transition « de 39 mois »:

« De toutes les consultations engagées à tous les niveaux depuis le début de la transition, avec toutes les composantes de la nation, auprès de tous les Guinéens partout où ils se trouvent, il ressort une proposition médiane d’une durée consensuelle de la transition de 39 mois. Le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement, ndlr) et le gouvernement à leur tour, soumettront au CNT (Conseil national de transition, ndlr) qui tient lieu de parlement, cette proposition qui est consécutive à de larges et patientes consultations.« , a-t-il expliqué.

Il faudra encore attendre trois ans et 3 mois avant le retour à un régime civil en Guinée. Il appartient désormais au Conseil national de Transition qui fait office d’Assemblée nationale de se prononcer sur ce délai qui commence déjà à faire grincer des dents au sein de la classe politique guinéenne. Même si le colonel Doumbouya a affirmé que la décision était le fruit d’un long processus, il n’en reste pas moins que le délai de 39 mois n’est pas cohérent. Avec l’annonce, le président de transition devra faire face à deux fronts. Il s’agit d’abord de convaincre la classe politique et la société civile guinéennes, ce qui conduirait à la mise en place d’un cadre de dialogue de consensus avec les représentants de la CEDEAO, de s’accorder sur une autre échéance. Deuxièmement, les autorités de transition guinéennes doivent justifier le calendrier de 39 mois auprès de la CEDEAO.

Il est important de noter que Les calendriers proposés allaient « de 18 à 52 mois ». Cependant la durée de la transition est contestée par la CEDEAO, qui demande des délais plus courts. On pourrait d’ailleurs se demander si la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest , prend réellement en considération la réalité du pays car elle exige  que la transition soit très courte et que les élections soient organisées dans un délai ne dépassant pas six mois.

Au total, la junte veut gouverner pendant 47 mois, ce qui est inacceptable pour les institutions locales. Cependant, des arguments appropriés doivent encore être déployés par la junte militaire pour obtenir l’accord de toutes les parties prenantes. On peut aisément prédire qu’il a de fortes chances que l’institution régionale rejette le délai de 39 mois, ou du moins exige sa réduction.

Le plus dur commence maintenant pour la junte d’autant plus que la plus part de la classe politique et la société civile guinéennes politique en plus de la CEDEAO ne consentent pas clairement à la durée de la transition. Il faudra se résoudre à trouver le juste compromis qui permettra le bon déroulement de la Transition.

Il est important d’unir tous les Guinéens autour d’un idéal pour que le pays puisse repartir sur de nouvelles bases, d’atteindre les objectifs communs. Il n’est pas dans l’intérêt des autorités guinéennes actuelles de faire la sourde oreille à la réaction des partis politiques.

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