Libye : Tripoli calme, après les pires combats depuis des années

Libye : Tripoli calme, après les pires combats depuis des années Actualité & Info | Éditions Afrique

Tout au long de la journée de samedi, la ville de Tripoli était sous le coup de batailles armées, alors que les forces alliées à l’administration de Fathi Bashagha, soutenue par le parlement, n’ont pas réussi à prendre le contrôle de la capitale et à évincer le gouvernement d’Abdulhamid al-Dbeibah basé dans la capitale. Les combats ont fait 32 morts et 159 blessés, un bilan qui affecte grandement le gouvernement de Tripoli.

Dimanche, la capitale libyenne était à peine reconnaissable. Entre les voitures calcinées et les bâtiments criblés de balles, les impacts de la journée tragique de samedi étaient encore très visibles.

Au lendemain de la tragédie de Tripoli

Dimanche, la ville semblait essayer de retrouver un peu de calme et de retour à la normale. Tripoli était pleine d’ouvriers venus pour nettoyer les verres et autres débris dans les rues jonchées de douilles de munitions, utilisées la veille lors des combats. Les pompiers tentaient toujours d’éteindre un incendie dans un immeuble d’habitation de Tripoli. Pendant ce temps, des combattants alignés avec Dbeibah se tenaient devant des bases saisies aux forces affiliées à Bashagha.

Les habitants de leur côté, inspectaient les dégâts matériels subis, alors que la circulation avait repris sur de nombreuses routes de la capitale.

Le calme avant une nouvelle tempête ?

Depuis le soulèvement de 2011 qui a poussé l’ancien président Mouammar Kadhafi à la porte du pays, avant de connaître une fin tragique, la Lybie n’a pas ou n’a que très peu connu la paix.

Cela fait un moment que les deux groupes rivaux basés à l’est (le parlement de Saleh) et l’ouest (Bashagha) de la Lybie, s’affrontent. Au cœur des combats de samedi, la déclaration du parlement de Saleh, quant au fait que le gouvernement de Dbeibah après avoir dépassé son mandat, a nommé Bashagha pour le remplacer au début de cette année à la suite de l’échec d’un processus politique visant à préparer les élections. Des propos vivement contestés par Dbeibah.

Samedi, les combats se sont terminés aussi brusquement qu’ils n’ont débuté. Mais ils ont néanmoins réussi à faire plusieurs dégâts. Malgré leur courte durée, les populations craignent une reprise d’affrontements plus grands entre rivaux, surtout après que le pays a enfin vécu quelques mois de calme depuis qu’il a été plongé dans une décennie de violences et chaos incessants.

Même si pour le moment, Bashagha a très peu de chances de prendre le contrôle de la ville, il n’y a cependant aucun signe d’un compromis politique ou diplomatique plus large pour mettre fin à la lutte pour le pouvoir en Libye. La puissante faction orientale, ainsi que le président du parlement Aguila Saleh et le commandant Khalifa Haftar et son armée nationale libyenne, qui ont apporté leur soutien à Bashagha, n’ont pas montré de signes qu’ils sont prêts à trouver un arrangement avec Dbeibah.

Quel avenir pour la Lybie ?

C’est la question que l’on se pose depuis 2011. À quoi va ressembler la Lybie après ces derniers affrontements ?

Pour le moment, l’issue du vote est à écarter puisque les élections nationales, prévues l’année dernière dans le cadre d’un processus de paix parrainé par l’ONU, ont été abandonnées en raison de différends sur les règles régissant le vote. Aujourd’hui, elles semblent encore plus éloignées et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à un arrêt immédiat de la violence et à un dialogue pour sortir de l’impasse.

D’après l’analyste Jalel Harchaoui, il est question ici d’efforts à fournir de la part de Haftar et Saleh. Les 2 clans doivent décider s’ils peuvent cohabiter ensemble dans le pays sans qu’aucun des 2 n’essaie de prendre le contrôle de la capitale. Selon lui, des négociations en coulisses pourraient suivre entre les principaux acteurs et leurs bailleurs de fonds étrangers. Mais, il a rappelé que les rivaux pourraient également chercher à construire de nouvelles coalitions militaires capables d’étendre leurs zones de contrôle.

Selon les déclarations d’un haut commandant pro-Bachagha, Osama Juweili, ce sont des frictions entre les forces armées à Tripoli qui auraient déclenché les combats de samedi. Cependant, il a dit à la chaîne de télévision Al-Ahrar que « ce n’est pas un crime » d’essayer de faire entrer un gouvernement mandaté par le parlement.

Pour le moment, Tripoli est calme. Dimanche, les compagnies aériennes ont déclaré que les vols fonctionnaient normalement à l’aéroport Mitiga de Tripoli, signe que la sécurité a été rétablie pour le moment. Mais jusqu’à quand ? Dimanche, alors que ouvriers et pompiers s’activaient pour nettoyer la ville, un homme se tenant parmi les résidents à proximité a déclaré : « Qui va les indemniser ? Et qui ramènera les morts à la vie ? » Des questions qui animent probablement les esprits d’autres libyens qui comme lui, ne demandent rien d’autre que le retour de la paix dans leur pays.

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