Mali : Abidjan demande l’intervention de la CEDEAO pour ses soldats

Assimi Goita chef du gouvernement du Mali

Cela fait maintenant deux mois que des soldats ivoiriens ont été arrêtés puis incarcérés au Mali. Après quelques négociations, trois soldats ont été libérés. Une lueur d’espoir pour les autorités ivoiriennes mais qui a été de courte durée. Après que le Mali a dévoilé ses exigences en échange de la libération des 46 soldats restants, la Côte d’Ivoire a requis l’intervention de la CEDEAO pour résoudre ce problème dans les meilleurs délais.

Ce mercredi, la Côte d’Ivoire a qualifié le comportement du gouvernement malien de « chantage inacceptable », avant de demander la tenue d’un sommet ouest-africain pour la résolution de ce problème qui a déjà été suffisamment long.

Contexte du conflit entre le Mali et la Côte d’Ivoire

Le 10 juillet dernier, 49 soldats ivoiriens arrivés au Mali par l’aéroport international de Bamako, avaient été arrêtés par les forces de sécurité maliennes après avoir été présentées comme des mercenaires venus dans le but de déstabiliser le Mali.

Alors que Abidjan avait expliqué la présence de ses soldats au Mali par une mission de l’ONU dans le cadre de la MINUSMA, l’organisation internationale quant à elle, avait eu du mal à confirmer cette déclaration. Ce qui n’a fait que créer davantage de malentendus entre les deux pays.

Malgré cela, en début du mois de septembre, trois femmes soldats ont été libérées par le Mali. Selon un communiqué du CNS, des officiels maliens avaient conclu que les arrestations étaient dues à des incompréhensions et des manquements. Le « geste humanitaire » avait fait naître de l’espoir côté ivoirien quant à la libération des autres soldats.

Mais, c’était sans compter sur le revirement de situation de la part de Assimi Goïta, le chef du gouvernement malien.

Les requêtes de Goïta un « chantage inacceptable » selon Abidjan

En effet, vendredi dernier, le président de la Transition a parlé de « contrepartie » afin de libérer les autres 46 militaires ivoiriens. Et cet échange faisait allusion à l’extradition de personnalités maliennes vivant à Abidjan. Il s’agissait notamment de Karim Keïta et de Tiéman Hubert Coulibaly, que Goïta a accusé de bénéficier de la protection de la Côte d’Ivoire en vue de déstabiliser le Mali.

Mercredi, la Côte d’Ivoire s’est exprimée pour la première fois depuis les déclarations des autorités maliennes vendredi. Le gouvernement Ouattara a balayé du revers de la main ces accusations et a déclaré être  » un pays attaché à la paix, à la stabilité et au respect de l’Etat de droit dans la sous-région « .

Abidjan a traité la demande de Goïta de « chantage inacceptable » et a insisté sur le fait qu’elle confirme que ses soldats, loin d’être des mercenaires tels que le dit Bamako, sont en fait des otages dont le régime veut se servir pour parvenir à ses fins. Les autorités ivoiriennes ont souhaité la tenue d’une réunion extraordinaire des chefs d’états membres de la CEDEAO dans les meilleurs délais afin d’empêcher des éléments qui semblent être  » de nature à porter atteinte à la paix et la sécurité dans la sous-région « .

Les relations entre le Mali et la Côte d’Ivoire se sont dégradées depuis août 2020 lors de la prise de pouvoir par les colonels. Bamako accusait aussi Abidjan d’avoir incité ses partenaires ouest-africains à durcir les sanctions contre les militaires maliens. Même si ces sanctions ont finalement été levées début juillet, il reste les tensions.

Plusieurs médiations sont en cours afin d’obtenir la libération des militaires ivoiriens. D’après une source proche de la présidence ivoirienne, la commission sous-régionale sera obligée de recourir à des sanctions si rien ne se règle par voie diplomatique.

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