Jusqu’au 11 juin 2023, le Nigeria est à l’honneur en France. En effet, la Philharmonie de Paris célèbre le talentueux et renommé musicien nigérian Fela Kuti. À travers une exposition, les visiteurs auront la possibilité de mieux connaître les œuvres de ce chanteur mais aussi activiste politique, avec des extraits de morceaux et de concerts. Le but de l’exposition est surtout de retracer les étapes de formation et de l’évolution musicale complète de Fela Kuti et le présenter autrement que selon les idées populaires qu’on a de lui.
Les œuvres de Fela Kuti: Au-delà de la vision simpliste
Avec cet évènement, la Philharmonie de Paris voulait entrer dans les matières sonore et politique inventées par Fela dans les années 1970-1980. Une manière pour cette institution d’aller au-delà de la vision simpliste que l’on avait du musicien et qui s’arrêtait à « l’inventeur de l’afrobeat » ou encore « le musicien combattant ».
Alexandre Girard-Muscagorry, l’un des trois commissaires de l’exposition Fela Kuti à la Philharmonie de Paris, explique que l’intention était de concevoir la première exposition qui permettrait de déplier toute la trajectoire musicale et politique à partir d’archives, de photographies inédites qui aident à être au plus près de la musique de Fela et de ses combats politiques.
Quelques mots sur l’artiste
Fela Anikulapo-Kuti est né le 15 octobre 1938 à Abeokuta au Nigeria. La musique a toujours été au cœur de sa vie et très vite, son génie réussit à le démarquer des autres. Saxophone, clavier, trompette, tambour, clarinette et guitare électrique, Fela Kuti était un virtuose à bien des égards.
À la fin des années 60, Fela crée l’afrobeat avec son groupe Koola Lobitos. L’afrobeat c’est un style qui mélange le blues, le jazz, le funk et la musique traditionnelle yoruba, tribu dont il est originaire.
Une musique populaire mais aussi engagée. Car oui, Fela est un activiste qui porte haut et fort ses opinions et qui espère, à sa façon, changer la société nigériane. Ses titres« Zombie » ou encore « Monkey Banana » dans lesquels il exhorte au changement social, en sont les preuves.
Fela souhaitait s’adresser aux opprimés et aux personnes défavorisés à travers son art. Pour aller plus loin que la scène musicale, il intègre la scène politique de son pays et crée en 1979, le parti politique le Mouvement du peuple. Il se présentera ensuite à l’élection présidentielle qu’il perdra.
L’héritage de Fela présenté par la philharmonie de Paris
Fela Kuti était un musicien qui a mis son art au service des populations et ses œuvres continuent à parler pour lui. À travers le monde, en commençant par son pays le Nigeria, en passant par l’Europe, le Brésil et le Japon, sa musique est jusqu’à présent omniprésente.
Et probablement aujourd’hui plus que jamais car de nombreux groupes nigérians et autres artistes nigérians et venus d’ailleurs, s’inspirent de l’afrobeat et de Fela et contribuent à la pérennisation de ce style musical.
Et c’est cet héritage que montre l’exposition de la Philharmonie de Paris. Elle se concentré sur le caractère désormais global de l’afrobeat qui a transcendé les styles musicaux qu’il mêlaient, se retrouvant aujourd’hui dans la pop, le hip-hop, etc.
Fela Kuti décède le 02 août 1997 à Lagos. Ses œuvres continuent de faire parler de lui et également des femmes qui l’ont entouré et inspiré, notamment sa mère Funmilayo Ransome-Kuti, activiste féministe décédée en 1978. Elles seront également mises en lumière lors de l’exposition.
Pour reprendre les mots de Lemi Ghariokwu, l’artiste qui a conçu les couvertures de ses albums, nous dirons que Fela Kuti était un musicien qui construisait des histoires, dans la tradition africaine. Il racontait les histoires de la société et celles qu’il voyait pour la société future.