RDC : Des ONG s’opposent à la mise en vente de blocs pétroliers par le gouvernement

RDC : Des ONG s'opposent à la mise en vente de blocs pétroliers par le gouvernement Actualité & Info | Éditions Afrique

Malgré plusieurs campagnes de dissuasion des ONG nationales et internationales de défense de l’environnement, le gouvernement congolais a annoncé lundi dernier, la mise en vente de 27 blocs pétroliers et trois gaziers. Décision qui a immédiatement suscité le mécontentement de ces ONG. Jeudi 21 juillet, elles ont exprimé leur réprobation sur la base de potentiels effets néfastes sur l’environnement.

Le ministre congolais des Hydrocarbures, Didier Budimbu, a déclaré à l’agence Anadolu que le Congo compte recueillir 2000 milliards de dollars américains avec la vente de tous ces 27 blocs. Un chiffre qui ne semble pas faire oublier aux ONG et aux populations tous les risques que cet acte comporte.

Une décision lourdement contestée

Plusieurs raisons mettent en cause cette décision du gouvernement congolais, parmi lesquelles le nombre élevé de blocs à vendre.

C’est ce que reproche Blaise Mudogosi et son ONG APEM.« Est-ce que ça vaut la peine d’aller dans une vingtaine de blocs pétroliers au même moment ? » A-t-il demandé, suggérant que la vente pouvait se faire de manière progressive.

Mudogosi a soulevé le point de la superposition des blocs mis en vente. En effet, certains blocs chevauchent des aires protégées comme les parcs de Salonga dans le Nord-Ouest du pays et le parc des Virunga ; ce qui est un danger pour l’écosystème. Il a également parlé de la nécessité de corriger tous ces défauts avant la mise sur le marché, afin d’éviter des conflits lors de la vente.

La réponse du gouvernement

Le gouvernement congolais n’a pas tardé à donner sa réponse.

S’agissant des blocs à vendre, le ministre Budimbu a déclaré que la RDC ne disposait pas de pétrole « pour qu’on s’en serve comme ornement, mais pour s’en servir », avant d’assurer que les aires protégées ne craignaient rien puisqu’il existerait des techniques qui permettent de forer sans pour autant que l’écosystème puisse connaître des problèmes.

Tony Chermani, le conseiller technique du ministère des hydrocarbures, estime quant à lui que l’environnement ne sera pas affecté lors de l’exécution de ce projet. Selon lui, une équipe de géologues du ministère des mines descendra sur le terrain avant le début de ces travaux. Lors de sa prise de parole, il est revenu sur les déclarations de Budimbu et a réitéré que personne ne touchera aux tourbières. « Même aux découpages, la re-vérification des coordonnées des blocs dans la cuvette centrale ont été encore une fois de plus recontrôlées pour s’assurer que ces tourbières ne peuvent pas être touchées », a-t-il ajouté.

Le ministre des Hydrocarbures a assuré que des appels d’offre pour l’attribution des droits vont être lancés le 28 juillet courant, soit dix jours après que l’Etat a pris la décision de vente de ces blocs pétroliers. La société qui aura gagné les appels d’offres, collaborera avec l’équipe de géologues afin d’attester que les tourbières ainsi que les zones protégées ne font pas partie de blocs dans lesquels les travaux vont commencer.

Des nouvelles qui ne calment pas les ONG

Malgré ces paroles rassurantes venant du gouvernement, les populations et les ONG ne décolèrent pas et n’approuvent pas pour autant cette décision.

L’Organisation britannique Greenpeace a écrit de nombreuses lettres à l’attention de la communauté internationale dans lesquelles elle a émis l’alerte rouge au sujet de cette vente aux enchères qui selon elle, est « de mauvaise augure » et qui pourrait avoir lieu, au détriment de la biodiversité et du climat mondial.

Irène Wabiwa, chef de projet international pour la campagne sur les forêts du Bassin du Congo à Greenpeace Afrique a déclaré que cette mise en vente ne se contente pas de tourner en dérision l’image de la RDC en tant que solution à la crise climatique, mais qu’elle exposé aussi les Congolais à la corruption, à la violence et à la pauvreté qui accompagnent inévitablement la malédiction du pétrole, ainsi qu’à davantage de vagues de chaleur et à moins de pluie pour tous les Africains.

À ce jour, la RDC est un pays qui jouit non seulement de ses importantes réserves de pétrole mais aussi d’autres minerais tels que l’uranium, le diamant ou encore l’or et le lithium dont elle dispose du plus grand gisement au monde. Le pays est, par ailleurs, le premier producteur mondial de cobalt et le premier producteur africain de cuivre. Parfois faute d’investisseurs, parfois d’un gouvernement à la hauteur, le constat le plus clair est que tout le monde profite de ce sol riche sauf les congolais.

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