Somalie : Conflit de cultures, urgence de la sécheresse et insécurité parmi les principaux défis du nouveau gouvernement

Somalie : Conflit de cultures, urgence de la sécheresse et insécurité parmi les principaux défis du nouveau gouvernement Actualité & Info | Éditions Afrique

Le nouveau président de la Somalie a été accueilli lundi, au cours d’une inauguration officielle organisée pour la circonstance. Lors de la cérémonie solennelle à laquelle ont assisté des membres de la chambre basse et du Sénat ainsi que des membres des forces armées somaliennes à la résidence présidentielle, connue sous le nom de Villa Somalia, Mohammed Abdullahi Mohammed Farmaajo a officiellement remis le pouvoir au nouveau chef d’État, Hassan Sheikh Mohamud.

« Dans tout le pays, les Somaliens sont très optimistes. Après tout, ces élections n’ont pas été exemptes de difficultés. » ainsi s’exprime l’ancien Ministre de la Santé et de l’Environnement de l’État somalien du Puntland, le professeur Ali Abdullahi Warsame lors d’un entretien téléphonique avec l’Agence Fides au sujet de l’installation du nouveau gouvernement dans le pays.

En effet, « au cours des deux dernières années, le pays a traversé un processus de transition. Les élections ont été retardées », déclare M. Warsame, également président du conseil de l’Athénée de l’université d’Addoun. « Il a fallu environ deux ans pour en arriver là. Cependant, ces élections se sont terminées de manière très pacifique et la transition s’est faite en douceur. Mohamud est la seule personne à avoir été élue deux fois à la présidence de la Somalie. C’est une personne très expérimentée, très qualifiée et nous pensons qu’il peut conduire la nation vers la stabilité, la paix et le développement ».

Dans les semaines à venir, le président Hassan Sheikh Mohamud nommera un premier ministre qui mettra en place le reste du gouvernement, le bras exécutif du gouvernement. Il débute ainsi un mandat de quatre ans marqués par des défis majeurs, comme la lutte contre le terrorisme du groupe djihadiste Al Shabab, qui contrôle des zones du centre et du sud du pays, et la pire sécheresse depuis quarante ans, qui a plongé des millions de personnes dans une crise humanitaire.

La sécheresse

La grave sécheresse touche l’ensemble du pays. « La situation est extrêmement grave et désastreuse : 7,1 millions de personnes vont être touchées par cette situation de sécheresse avant la fin de l’année », a déclaré le Coordinateur humanitaire pour la Somalie, Adam Abdelmoula.

« La saison des pluies a échoué pendant deux ans et cette année encore, les pluies ont échoué. La vie des gens, qui dépendent tellement du bétail et des animaux, est en danger. Le bétail, l’élevage, constituent l’épine dorsale économique de notre nation, plus de 70 % de nos revenus », souligne le professeur Warsame.

En effet, près de 700 000 personnes ont été forcées de quitter leur foyer à la recherche de nourriture et d’eau pour elles et leurs animaux, et le nombre ne cesse d’augmenter. Cependant, Les prix de la nourriture et de l’eau grimpent en flèche.

La majorité des déplacés internes sont des enfants, des personnes âgées, des femmes enceintes et des mères allaitantes. Selon le HCR, de nombreux enfants ont abandonné l’école pour aider leur famille à gagner un revenu quotidien et à chercher de l’eau et des pâturages. Environ 1,4 million d’enfants étaient confrontés à « la malnutrition aiguë cette année, et 330 000 risquent de souffrir de malnutrition sévère ».

Le conflit Russo-Ukrainien à la source de la crise alimentaire

La crise ukrainienne touche considérablement la Somalie. « Nous sommes très préoccupés par cette situation qui nous a déjà durement touchés économiquement. Comme de nombreux autres pays d’Afrique et du Moyen-Orient, la Somalie importe 80 % des céréales dont elle a besoin de l’Ukraine et de la Russie. Dont 50% en provenance d’Ukraine. En conséquence, le prix du blé a fortement augmenté. Nous partageons également la souffrance des personnes innocentes qui s’y trouvent. Nous avons des souvenirs de la guerre et nous comprenons bien ce que cela signifie de fuir son propre pays et d’être un réfugié dans d’autres pays du monde » affirme le professeur Warsame.

Du fait de la sècheresse, la somalie importe la quasi-totalité (90%) de leur blé d’Ukraine et de Russie. Cependant, l’invasion russe de l’Ukraine a forcé cette dernière à interrompre ses livraisons et les sanctions occidentales prises envers la Russie exercent aussi une pression sur les prix. « Les prix alimentaires commencent à monter en flèche, jusqu’à enregistrer un pic historique la semaine dernière. En Somalie, le prix des céréales de base a plus que doublé par rapport à celui de l’année précédente », avance l’ONG (Oxfam International).

Une sécurité fragile

« Un autre défi majeur auquel est confronté le gouvernement somalien est la question de la sécurité. Les forces d’Al Shabab contrôlent toujours une grande partie du pays, notamment dans le sud. La question du Somaliland, qui a déclaré son indépendance depuis le début de la guerre civile en Somalie en 1991, est une autre pierre d’achoppement à surmonter. Les Somaliens pensent qu’elle fait partie de la Somalie. Par conséquent, des négociations pacifiques entre la Somalie et le Somaliland sont nécessaires de toute urgence. » affirme M. Warsame En effet, Les Chababs, liés à Al-Qaïda mènent une insurrection contre l’Etat somalien depuis plus de dix ans.

Conflit de cultures

En ce qui concerne la question de la culture, le professeur d’université souligne l’importance de la culture dans la vie des Somaliens. « La culture unit les gens, par la culture nous pouvons créer la paix et la stabilité parce que la culture réduit le fossé entre les esprits des gens et les différentes façons de penser. Elle peut rapprocher les perceptions et contribuer à l’idée d’un monde unique, pacifique et meilleur à vivre. Je pense que c’est un domaine négligé, même dans le milieu universitaire. Notre université se concentre sur ce sujet et souhaite créer des canaux et des connexions avec d’autres institutions internationales sur cette question, qu’il s’agisse d’universités, d’instituts de recherche ou d’autres organisations. Ce que nous voyons maintenant dans le monde est un grand conflit de cultures. Quand une culture s’effondre, il y a un conflit. Ainsi, parler de paix et de stabilité durables et œuvrer dans ce sens revient essentiellement à parler de culture et de respect mutuel entre les cultures ».

Au vu de tous ces principaux défis, le nouveau gouvernement somalien devra travailler stratégiquement pour conduire la nation somalienne vers la stabilité, la paix et le développement durable.

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