Soudan : Une manifestation anti-putsch fait au moins 4 morts.

Soudan : Une manifestation anti-putsch fait au moins 4 morts. Actualité & Info | Éditions Afrique

Des médecins pro-démocratie rapportent la mort d’au moins 4 manifestants jeudi à Khartoum, alors que le peuple soudanais était dans la rue pour manifester sa colère contre Abdel Fattah al-Burhane, le général qui a plongé le pays dans la violence et une crise économique sans précédent après un coup d’état.

Origine de la manifestation

Tout a commencé mercredi soir, alors que des petits cortèges marchaient ici et là à Khartoum pour inciter les populations Soudaines à se mobiliser jeudi.

Au bout de ces manifestations, les Soudanais qui veulent obliger l’armée arrivée à la tête du pays grâce à un putsch, à rendre le pouvoir aux civils. Le Soudan, qui avait déjà de nombreuses difficultés, a effectivement connu un soulèvement qui a empiré sa situation, le plongeant dans un état de dépression économique et politique.

La situation a dégénéré mercredi soir avec la mort d’un jeune manifestant tué d’une « balle dans la poitrine ». Puis, jeudi, l’on a déploré la mort de quatre autres protestataires, dont deux au moins « par des balles tirées dans la poitrine ». Les faits ont été rapportés par un syndicat de médecins pro-démocratie, qui accusait les forces de sécurité et dénonçait leurs assauts sur plusieurs hôpitaux de la capitale.

Jeudi, la foule dans les rues a bien fait comprendre au pouvoir en place que le peuple soudanais ne comptait pas se laisser gouverner par les militants, quitte à y laisser la vie. Le putsch est à l’origine de la mort de 107 personnes et des milliers de blessés depuis octobre.

Des intentions bien claires

Au Soudan, le 30 juin est une journée symbolique car il marque l’anniversaire du coup de force de 1989, mené par la coalition entre généraux et islamistes qui a porté le dictateur Omar el-Béchir au pouvoir. C’est également la date des rassemblements qui ont poussé les généraux à intégrer les civils au pouvoir après avoir écarté Béchir en 2019.

Par ces rassemblements, les Soudanais veulent réaffirmer leur intention de remettre l’exploit d’il y a trois ans, et pousser le pouvoir militaire à rendre le pouvoir aux civils. Le bloc civil des Forces pour la liberté et le changement (FLC), colonne vertébrale du gouvernement limogé lors du putsch, veut « faire chuter les putschistes et empêcher toute alternative factice ».

Des bâtons dans les roues

Les populations soudanaises qui n’en sont pas à leurs premières manifestations, savent très bien à quoi s’en tenir. Cette fois-ci, comme pour les précédentes, elles ont dû faire face aux problèmes d’accès au réseau internet et au téléphone. Les forces de sécurité étaient également déployées sur les différents ponts et artères de Khartoum et sa banlieue.

L’émissaire de l’ONU Volker Perthes avait essayé de prévenir l’éventualité d’une nouvelle violence. Avant que les choses ne s’enveniment, il avait martelé que « la violence doit cesser ». La communauté internationale aussi s’était exprimée sur le sujet par le biais de nombreuses ambassades qui avaient réclamé que « plus aucune vie ne soit perdue »

Malheureusement, toutes ces tentatives d’apaisement sont vaines et les capitales étrangères ont du mal à faire pression sur les généraux au pouvoir au Soudan et leur régime quasiment sans interruption depuis l’indépendance en 1956. Le 25 octobre 2021, le général et chef de l’armée Burhane, a procédé à l’arrestation de ses partenaires civils, mettant ainsi brutalement un terme au partage du pouvoir qui ne tenait plus que sur un fil. Ceci a entraîné une conséquence immédiate, poussant la communauté internationale a coupé son aide – 40% du budget du Soudan. Malgré ces sanctions financières, le général Burhane n’a pas cédé, contrairement à l’économie du pays qui a plongé dans le marasme complet, d’abord avec l’effondrement de la livre soudanaise, et ensuite, l’inflation qui dépasse tous les mois les 200%.

Autres conséquences

Au-delà des conséquences économiques, le Soudan est en proie à une importante crise de famine qui se profile. En début juin déjà, l’ONG Save the Children annonçait le décès lié à la faim de deux enfants. Un tiers des 45 millions de la population souffre d’« insécurité alimentaire aiguë » et potentiellement mortelle. D’après l’ONU, ce chiffre devrait atteindre les 50% d’ici septembre. 

Par ailleurs, la spirale des violences a repris de plus belle. Arrestations, décès, blessés, le Soudan est dans un véritable cycle infernal de violences de tout type depuis des décennies. Des centaines de militants ont été arrêtés et des dizaines d’entre eux sont toujours derrière les barreaux. Au Darfour, des affrontements pour la terre et l’eau ont fait des centaines de morts. Sans compter les manifestations contre les militaires qui se soldent chaque semaine par des morts ou des blessés. 

Concernant cette situation désolante, les FLC sont d’avis que le « dialogue national » proposé par l’armée et l’ONU, est une « fausse solution politique » qui « légitime » le putsch. Elles posent donc comme condition préalable à toute discussion le retour au partage du pouvoir entre civils et militaires ; qui dominent non seulement la vie politique du pays, mais aussi son économie riche en or et en ressources naturelles.

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