Belgique : consensus impossible sur la présentation d' »excuses » aux anciennes colonies

Belgique : consensus impossible sur la présentation d'"excuses" aux anciennes colonies Actualité & Info | Éditions Afrique

La Belgique ne compte pas ravaler sa fierté. Finalement, il n’y aura pas d’excuses présentées par la Belgique à ses anciennes colonies, et pour cause, la commission du parlement belge sur le passé colonial a achevé ses travaux lundi et la conclusion de ceux-ci était l’échec lié à l’absence du consensus par les parlementaires.

Créée en été 2020 dans la foulée du mouvement Black Lives Matter, lui-même propulsé par le meurtre abominable de George Floyd, la commission avait pour but de porter les voix des peuples Afro-descendants de Belgique qui réclamaient des excuses de la part du pays, pour le passé colonial effroyable dont il est à la tête.

Belgique: Passé colonial- Des regrets, peut-être, des excuses, non.

Cela fait près de deux ans et demi que la commission belge discutait des agissements du pays dans ses anciennes colonies à savoir le Congo, désormais RDC, le Rwanda et le Burundi, tous indépendants aujourd’hui.

Très vite, 2 camps se dressent l’un contre l’autre. D’un côté, il y a les socialistes et écologistes, ceux qui sont pour des excuses ; et de l’autre, les libéraux francophones catégoriques, la Belgique n’a aucune excuse à présenter à qui que ce soit.

Finalement, lundi, dernier jour de réunion de la commission belge, le verdict tombe : il n’y aura pas d’excuses, faute de consensus au sein de la majorité, les 128 recommandations rédigées par M. De Vriendt n’ont été soumises à aucun vote.

Seul le Congo pourra se contenter de ces « profonds regrets » exprimés par le roi Philippe au président Tshisekedi le 30 juin 2020. C’était une démarche inédite pour le descendant de Léopold II, qui s’exprimait sur les blessures de la colonisation.

Réaction des parlementaires, à qui la faute ?

Au sein de la commission belge, le camp des socialistes et écologistes accuse l’autre camp des libéraux d’être la cause de l’échec de cette commission après que ses membres ont refusé de voter un rapport intégrant de telles « excuses ».

Guillaume Defossé, député écologiste francophone accuse les libéraux d’avoir saboté les travaux de la commission par dogmatisme colonial. Critiquant ouvertement la famille politique du Premier ministre Alexander De Croo, Defossé parle de gâchis et de déception énorme, en pointant du doigt des libéraux qui aujourd’hui, n’assument pas le passé colonial de la Belgique.

De leur côté, les libéraux francophones ont répliqué en accusant le président de la Commission, l’écologiste flamand Wouter De Vriendt, de s’être « accroché à son unique point de vue » quitte à « sacrifier plus de deux années de labeur ». Ils avaient déjà annoncé via le député Benoît Piedboeuf que la recommandation numéro 69 de la liste, constituait pour eux une pierre d’achoppement.

D’après cette recommandation, la Chambre Belge devait « présenter ses excuses aux peuples congolais, burundais et rwandais pour la domination et l’exploitation coloniales, les violences et les atrocités, les violations individuelles et collectives des droits humains durant cette période, ainsi que le racisme et la discrimination qui les ont accompagnés ».

Benoît Piedboeuf s’était explicitement déclaré radicalement contre des excuses « pour la globalité des faits », puisque celles-ci auraient créé les 2 groupes opposés des victimes d’un côté et des coupables de l’autre ». En novembre dernier, la député Maggie De Block s’interrogeait sur la raison pour laquelle les belges d’aujourd’hui devaient s’excuser pour des actions qu’ils n’ont pas connues ou posées.

Coup dur pour les anciennes colonies

Pour Guillaume Defossé, ce manque de consensus pour les excuses est un nouveau coup dur pour les populations congolaises, rwandaises et burundaises. Tandis que pour les libéraux, la commission belge aurait dû se contenter des mots du roi Philippe qui étaient une reconnaissance des méfaits de la colonisation qui n’impliquait toutefois aucune responsabilité juridique, ne pouvant de ce faut, pas donner lieux à de quelconques réparations.

À l’heure où le premier ministre néerlandais Mark Rutte reconnaissait le rôle des Pays-Bas dans l’esclavage et présentait des excuses officielles de son gouvernement, la Belgique quant à elle, a décidé de fuir son passé dont elle n’est sans doute pas fière.

Néanmoins, tout n’est pas perdu, ainsi que l’a relevé Defossé, il reste tout ce travail effectué, des propos inédits, un débat qui s’est créé et doit continuer.

La démarche du partie écologiste rentre en droite ligne avec un désir de tourner la page d’une histoire qui jusqu’aujourd’hui pèse sur le peuple noir. Le refus de demande d’excuses par la Belgique ne devrait en aucun cas influencer la nécessité de pardon du peuple noir en général et des colonies du royaume en particulier.

Mieux encore, il est important pour le continent de commencer à écrire l’histoire qu’il souhaiterait raconter à la future génération.

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