Cameroun : Bolloré perd son procès contre Mediapart

Cameroun : Bolloré perd son procès contre Mediapart Actualité & Info | Éditions Afrique

Bolloré Africa Logistics perd finalement son procès contre Mediapart en rapport avec ses pratiques au Cameroun. Suite à l’article saillant de la journaliste d’investigation Fanny Pigeaud intitulé « comment le groupe Bolloré a ruiné deux entrepreneurs camerounais », l’engrenage juridique s’est mis en marche et a statué en faveur du média français le 11 octobre 2022. Si l’article avait dans un premier temps été condamné, après appel Mediapart obtient gain de cause.  Les deux entrepreneurs Sévérin Ohandja et Thomas Mabou auront attendu très longtemps avant de voir cette affaire clôturée et qui mieux est en leur faveur.

Le procès qui a débuté depuis 2016 entre Mediapart et Bolloré pour une affaire de diffamation suite à l’article de Fanny Pigeaud s’est clôturé en faveur du média français après le passage devant la cours d’appel à la demande du média et la cassation à la demande de Bolloré. L’article révèle sur le site du média des faits choquants mettant en relation Bolloré et les deux entrepreneurs camerounais. Paru le 13 avril 2016, Sévérin Ohandja et Thomas Mabou racontent leur mésaventure dans cet article qualifié de diffamatoire.

Fanny Pigeaud produit un article cru et rempli de subjectivité

 «Nous étions alors partenaires dans la vente de Voakanga, matière première très recherchée, même actuellement encore, pour la fabrication de médicaments. Nous avons entreposé, par le biais des Ets OHANDJA, cette marchandise dans les locaux de la société SOCOPOA à Douala. Cette dernière avait l’obligation de traiter la marchandise périssable tandis que nous cherchions acquéreur. Lorsque nous avons trouvé preneur et souhaité récupérer notre marchandise, personne n’a été en mesure de nous la restituer, pas même de nous indemniser au titre de cette personne ».

La subjectivité de l’article a amené le groupe logistique à condamner le média le 08 janvier 2019. Mettant en avant la « mauvaise foi » de l’article et la déontologie de la journaliste : « en tant que journaliste d’investigation, Fanny Pigeaud se devait d’être irréprochable dans son devoir d’enquête ». L’article s’est vu retiré toutes les rubriques incriminantes, indique le Edwy Plenel, journaliste et président de Mediapart.

Bolloré est battu en justice par Mediapart à deux reprises

Après ce premier passage devant la justice, le media fera appel à la cour de Versailles le 10 février 2021 et obtiendra gain de cause. Surpris de la tournure des évènements, Bolloré va se pourvoir en cassation, ceci dans le but de réduire au silence le media iconoclaste. La procédure a suivi son cours et le 11 octobre dernier, la cours de cassation s’est prononcée en faveur du media français.

Elle précise que ; « les propos litigieux ne reposent pas uniquement sur des déclarations non vérifiées de tiers mais aussi sur un faisceau de pièces tendant à confronter ces propos, dont la décision inexécutée de la cours suprême et le courrier de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Cameroun, confirmant le caractère exécutoire de la décision (condamnant le groupe Bolloré à indemniser les deux patrons camerounais) ». Rappelons que la cours suprême du Cameroun avait sommé SOCOPAO, filiale du groupe Bolloré installée à Douala à verser la somme de 89 millions de FCFA aux Ets OHANDJA.

Edwy Plenel dans son communiqué annonçant sa victoire face au groupe logistique a déclaré : « le groupe Bolloré ne réussira à faire taire la presse indépendante et le journalisme d’intérêt public ». En effet, les lobbyings réussissent par la force de leurs capitaux et de leurs relations à piétiner de petites entreprises comme celle du Cameroun. Les médias jouent un rôle capital dans la diffusion de l’information claire.

Abonnez-vous gratuitement à notre bulletin d'information et recevez au quotidien les dernières infos et actualités en Afrique.
Quitter la version mobile