Depuis quelques semaines les tensions entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda augmentent dangereusement, un fait qui préoccupe grandement l’ensemble de la région.
Des accusations mutuelles entre les deux pays
Lors des deux dernières semaines l’ensemble de la communauté africaine a pu assister à des échanges de plus en plus belliqueux entre la RDC et le Rwanda.
Les combats entre les forces congolaises et le groupe rebelle M23 ont éclaté sur plusieurs fronts cette semaine au Nord-Kivu, une province orientale de la République démocratique du Congo, frontalière du Rwanda et de l’Ouganda. Si pour Kigali, il s’agit d’un « conflit intra-congolais », pour Kinshasa il n’en est rien et le M23, ce groupe principalement composé de Tutsis congolais, est soutenu par le Rwanda voisin. Chacun des pays nie et rejette en bloc les accusations de l’autre.
Le Rwanda de son côté accuse le gouvernement congolais d’avoir blessés des civils dans sa région et plus récemment d’avoir capturé deux soldats de l’armée Rwandaise. Kigali a affirmé samedi que deux de ses soldats étaient retenus en captivité après leur enlèvement par des rebelles en RDC, accusant les autorités de ce pays de les soutenir. Selon les Forces de défense rwandaises (RDF), ces deux soldats ont été enlevés lors d’une patrouille et sont détenus dans l’est de la RDC par des rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
En réponse à ces différentes accusation Kinshasa a interdit dès le 28 mai à la compagnie aérienne Rwanda Airlines d’opérer sur l’ensemble de son territoire.
Une situation qui préoccupe l’ensemble du continent
« Je suis gravement préoccupé par la montée de la tension entre le Rwanda et la RDC », a déclaré Macky Sall président en exercice de l’Union Africaine dans un tweet face à l’escalade des tensions des derniers jours entre les deux pays voisins. « J’appelle les deux pays au calme et au dialogue pour la résolution pacifique de la crise avec le soutien des mécanismes régionaux et de l’Union africaine », a ajouté M. Sall.
« Tout peut déraper », s’inquiète la ministre sénégalaise des Affaires étrangères Aïssata Tall Sall.
Macky Sall est en contact avec les présidents rwandais et congolais, a affirmé Aïssata Tall Sall. Elle-même s’est entretenue avec ses deux homologues. « Nous avons bon espoir d’arriver au moins à ce que les armes se taisent en attendant d’arriver à la solution politico-diplomatique de la façon la plus urgente dans cette partie sensible de l’Afrique où il y a déjà beaucoup de problèmes humanitaires et des droits de l’homme. Nous devons tout faire pour que cela ne s’aggrave pas. »
En effet la situation dans laquelle se trouve le continent entre les problèmes liés au terrorisme grandissant et la crise alimentaire due au conflit Russo-Ukrainien fait que la possibilité d’un conflit ouvert entre la RDC et Rwanda effraie.
Une impossible résolution du conflit de longue date entre les deux pays ?
La RDC et le Rwanda entretiennent des relations tendues depuis l’arrivée massive dans l’est congolais de Hutu rwandais accusés d’avoir massacré des Tutsis lors du génocide des Tutsi au Rwanda perpétré en 1994.
L’ancien régime rwandais hutu a été soutenu par le Zaïre de Mobutu Sese Seko, « Lorsque ensuite le Front patriotique rwandais (FPR) a pris le pouvoir en arrêtant le génocide en 1994, de nombreux membres de l’ancien régime génocidaire ont effectivement fui au Congo. Le Rwanda a reproché à ce moment-là à la RDC d’accueillir des génocidaires », déclare Pierre Boisselet, coordonnateur du Baromètre sécuritaire du Kivu, un projet du Groupe d’études sur le Congo (GEC).
Les relations après l’élection du président congolais Félix Tshisekedi en 2019, avait commencé quelque peu à se détendre, le Rwanda ayant soutenu son arrivée au pouvoir dans des conditions contestées. Des accords de coopérations économiques et militaires entre les deux pays avaient également été signées.
« Il est temps d’expérimenter l’autre côté le partage de la paix, de l’amour et les échanges fraternels économiques entre nos deux pays » avait déclaré le président congolais Félix Tshisekedi et la République démocratique du Congo a adhéré à cette occasion à la communauté économique des pays de l’Afrique de l’Est.
Le calme relatif entre les deux pays jusqu’à ce jour montre qu’une entente entre les deux pays est possible en dépit de tout. Il ne reste donc plus qu’à espérer que les dirigeants des deux pays fassent preuve de discernement et procède à une désescalade. Un conflit entre les deux pays à une période aussi difficile que celle-ci serait une bien mauvaise idée et les conséquences pourraient s’avérer désastreuses.