Un ecclésiastique anglais de haut rang critique le projet britannique d’envoyer des migrants au Rwanda

Un ecclésiastique anglais de haut rang critique le projet britannique d'envoyer des migrants au Rwanda Actualité & Info | Éditions Afrique

La plus haute autorité de l’Église d’Angleterre, l’archevêque de Canterbury, Justin Welby critique et dénonce le projet du gouvernement britannique, d’envoyer les demandeurs d’asile au Rwanda pour traiter eux mêmes leurs demandes de refuge.

Depuis son annonce, ce projet a suscité de nombreuses critiques. Justin Welby, dans son sermon du jour de Pâques, déclare que « sous-traiter nos responsabilités, même à un pays qui cherche à bien faire, comme le Rwanda, est à l’opposé de la nature de Dieu qui a lui-même pris la responsabilité de nos échecs ».

Welby ajoute que si « les détails sont pour la politique et les politiciens, le principe doit résister au jugement de Dieu – et il ne le peut pas ». S’exprimant à la cathédrale de Canterbury, dans le sud-est de l’Angleterre

Envoyer les demandeurs d’asile à l’étranger posait « de sérieuses questions éthiques ».Pour le chef de l’église, une telle démarche « est à l’opposé de la nature de Dieu ».

En effet, le Royaume-Uni et le Rwanda ont annoncé mardi dernier, qu’ils avaient conclu un accord pour envoyer certaines personnes qui arrivent au Royaume-Uni en tant que passagers clandestins sur des camions, ou dans de petits bateaux, vers le Rwanda, où leurs demandes d’asile seront traitées et, si elles sont acceptées, ils resteront.

Au niveau de la communauté internationale, le projet a suscité l’indignation et de nombreuses critiques de la part des organisations de défense des réfugiés et des droits de l’homme, qui ont qualifié le plan d’inhumain, d’inapplicable et de gaspillage de l’argent des contribuables. Car le Royaume-Uni a versé une somme de158 millions de dollars au Rwanda.

Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a condamné le plan comme étant une « violation flagrante du droit international » et « contraire à la lettre et à l’esprit de la Convention sur les réfugiés ».

Pour le gouvernement du Parti conservateur du Premier ministre britannique, Boris Johnson, ce plan découragera les gens de traverser la Manche, et il mettra fin aux gangs de passeurs.

Plus de 28 000 migrants sont entrés au Royaume-Uni par la Manche l’année dernière, contre 8 500 en 2020. Des dizaines d’entre eux sont morts, dont 27 personnes en novembre lorsqu’un seul bateau a chaviré.

En dévoilant ce plan controversé la semaine dernière, le premier ministre a reconnu qu’il pourrait y avoir des contestations juridiques. Mais qu’il est engagé à faire « tout ce qu’il faut » pour que le plan fonctionne.

Le ministère de l’Intérieur, qui est chargé de mettre en œuvre la politique de transfert au Rwanda, a déclaré que la Grande-Bretagne avait installé des centaines de milliers de réfugiés du monde entier. Mais il affirme que le système actuel de réinstallation de la Grande-Bretagne est « cassé » et a souligné les pressions migratoires mondiales sans précédent.

De hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur avaient exprimé des inquiétudes quant à cette politique, mais ont été écartés par la ministre de l’Intérieur Priti Patel, qui a déclaré qu’il serait « imprudent » de retarder une mesure qui « nous pensons qu’elle réduira l’immigration illégale, sauvera des vies et finira par briser le modèle économique des gangs de passeurs ».

Alf Dubs, membre du parti travailliste à la Chambre des Lords qui est arrivé en Grande-Bretagne en tant qu’enfant réfugié en 1939, a déclaré que le plan était probablement « une violation des conventions de Genève de 1951 sur les réfugiés ».

Il a déclaré que les Lords, la chambre haute du Parlement britannique, contesteraient cette décision.

Abonnez-vous gratuitement à notre bulletin d'information et recevez au quotidien les dernières infos et actualités en Afrique.
Quitter la version mobile