Afrique du Sud : Ramaphosa reproche à l’ANC d’avoir perdu la confiance des Sud-Africains

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Vendredi dernier, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a reproché à l’ANC d’avoir perdu la confiance du peuple sud-africain en allant jusqu’à affirmer que le parti au pouvoir était devenu plus faible que jamais depuis la fin du règne de la minorité en 1994.

Un discours sombre

Lors de la conférence politique nationale de l’ANC tenue à Johannesburg, Ramaphosa s’est adressé aux délégués à qui il a demandé de trouver des moyens efficaces pour s’attaquer aux problèmes qui minent la société sud-africaine. La corruption, la pauvreté persistante, le chômage et les mauvais services publiques. Selon lui, ce sont ces tares qui ont conduit au pire résultat électoral de l’histoire du parti, depuis sa création, aux scrutins locaux de novembre dernier.

Dans un discours sombre et sans détour, il a déclaré que depuis l’avènement de la démocratie dans le pays, l’ANC est aujourd’hui, non seulement le parti le plus faible, mais également le plus vulnérable. « Nos faiblesses sont évidentes dans la méfiance, la désillusion, la frustration qui est exprimée par de nombreuses personnes envers notre mouvement et notre gouvernement. » A-t-il ajouté.

Les points faibles de l’ANC

Pour Ramaphosa, les scrutins municipaux ont été une bonne occasion pour avoir un aperçu des faiblesses du parti. Après avoir échoué à obtenir plus de 50% des voix, il a pu déceler les graves problèmes de corruption qui ruinent le parti. « Il y a des divisions dans nos rangs » a-t-il dit. Des divisions qui se manifestent par le clientélisme, le contrôle, l’achat de voix.

Le parti connaît des divisions en son sein depuis 2017, lorsque que Ramaphosa a pris le pouvoir aux dépens de Jacob Zuma. Bien qu’il nie tous les faits, le prédécesseur de Ramaphosa est aujourd’hui, au cœur d’une enquête pour plusieurs scandales de corruption sur la période de son mandat et celle d’avant.

De son côté, l’actuel président n’est pas aussi blanc que neige. Après un vol de 4 millions de dollars d’argent liquide dans sa ferme en juin dernier, ses propres finances ont été soumises à une enquête. Après avoir salué l’implication, le sérieux et le professionnalisme des policiers, Ramaphosa a justifié cet argent comme étant le résultat de la vente de gibier de la ferme.

Un scandale qui est une aubaine pour les pro-Zuma qui espèrent s’en servir pour le déloger de ses fonctions de président du parti, lors d’une conférence élective du parti à la fin de cette année avant les scrutins nationaux de 2024.

Les problèmes du pays

Outre les problèmes du parti, il y a ceux du pays auxquels Ramaphosa et ses hommes doivent faire face. Les coupures d’électricité ont connu une hausse inquiétante, à cause d’une crise avec le fournisseur d’électricité Eskom. La médiocrité des services ou pire encore, leur absence, l’économie morose, la corruption même dans les appels d’offres et une vague de fusillades liées à la criminalité elle aussi en hausse, ne facilitent pas la tâche au parti au pouvoir et encore moins à la population qui fait bien entendre sa colère.

Avec la pandémie de Covid-19, le large fossé qui existait déjà entre les populations sud-africaines, s’est aggravé. Dans ce pays de 60 millions d’habitants répartis entre les plus riches et les plus pauvres, un quart de la population lutte pour mettre de la nourriture sur la table.

Dans son discours, le président Ramaphosa a interpellé son parti sur la lutte contre la corruption mais aussi le chômage qui touche un tiers du pays. Il a rappelé à ses collègues et militants l’importance capitale de cette lutte dont l’échec et l’abandon ne seront pas pardonnés par le peuple d’Afrique du Sud.

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