La Banque des État de l’Afrique Centrale va mettre en circulation de nouvelle coupure de billet et de pièce d’ici la fin de cette année 2022. Ce nouvel habillage est prévu en prélude de la célébration du cinquantenaire de cette institution sous-régionale. Il a donc fallu quatre années pour que le projet voit le jour depuis son annonce en octobre 2019. Toutefois, au vu du contexte mondial et sous-régional quelles est la pertinence de cette action?
Les travaux du comité ministériel de l’Union monétaire d’Afrique centrale ( UMAC) qui se sont tenus ce 21 juillet 2022 à Douala ont statué sur la mise en circulation des nouveaux billets et pièces dans la zone CEMAC. La nouvelle gamme entrera en vigueur au 1er janvier 2023.
Cependant, une présentation officielle sera faite à la fin du mois de novembre 2022 au cours de la célébration du cinquantenaire de la BEAC à N’Djamena. À la banque centrale, les commandes de billets portant sur la gamme actuelle ont été interrompues en prélude à l’émission de la nouvelle gamme ce qui explique la rareté actuelle.
Notons qu’en mars 2021, les maquettes du spécimen de billet avait fuité sur la toile, à cet effet dans le processus de conception de cette autre gamme, les membres ont sollicité des modifications quant à l’apparence de ces derniers. Dans le cadre des pièces, nous aurons de nouveaux spécimens avec une innovation, l’injection de la pièce de 250 FCFA. En ce qui concerne les billets de banque, les coupures ne changent pas.
Outre l’aspect esthétique, la nouvelle gamme de billet répond à des standards améliorant sa sécurité. Cette nouvelle gamme ne sera pas aisément sujet à la contrefaçon. Par ailleurs, elle facilitera le tri par machine, ce qui permettra d’avoir de meilleures statistiques quant à la circulation de monnaie en zone CEMAC. Pour rappel, la dernière injection d’une nouvelle gamme de billets et pièces par la Beac date de 2002 ; après 1972, 1982 et 1992 respectivement.
BEAC: Nouveaux billets mais mêmes challenges et problèmes.
Cette annonce est loin d’être celle attendue par les populations de la CEMAC, qui depuis plusieurs années se plaignent de l’hégémonie de l’euro du fait du FCFA. Alors que la crise frappe si fort l’Union européenne que l’euro a perdu sa valeur et par conséquent le FCFA, des réformes concernant des alternatives à cette monnaie semblaient plus logique.
En effet, on peut observer que cette nouvelle gamme de billet n’a aucune valeur ajoutée pour nos économies car, l’apparence a changé, mais le fond reste et demeure le même. Cette nouvelle apparence ne participera pas à la revalorisation du FCFA et encore moins toutes les tares reprochées au CFA. L’approche de la RCA fortement critiqué par l’UMAC apparaît tout d’un coup comme une marque d’audace et de démarcation par une économie qui a besoin de changement.
Le président centrafricain a très vite saisi quelles étaient les limites de ce système et a proposé une solution un peu trop novatrice pour des institutions classiques et traditionnelles. Loin de promouvoir l’action de ce pays, le courage dont a fait preuve le pays témoigne de la volonté de concrètement passer à autres choses.
Par ailleurs, à l’approche du cinquantenaire, des reformes plus structurelles et plus significatives étaient attendues, impliquant la rupture avec l’ancien système pour amorcé une nouvelle saison dans la zone. La question qui taraude les esprits est celle de savoir de façon concrète ce qui bloque, alors que les différentes crises ont encore prouvé que l’interdépendance économique et qui plus est monétaire est nuisible pour les différentes parties.
En attendant le contenu complet des résultats des travaux du comité ministériel, on peut clairement observé que les réflexions centrales autour du FCFA sont jusqu’ici éludées.