Sénégal : 2 députés recherchés après des violences sur une parlementaire

Sénégal : 2 députés recherchés après des violences sur une parlementaire Actualité & Info | Éditions Afrique

Alors qu’ils étaient réunis pour voter le budget du ministère de la justice, les députés du parlement sénégalais ont été témoins d’une scène d’une violence inouïe sur le genre qui impliquaient 3 de leurs camarades. Des faits survenus en pleine campagne annuelle internationale« 16 Jours d’activisme contre la violence basée sur le genre à l’égard des femmes et des filles ».

Massata Samb et Mamadou Niang sont les 2 députés de l’opposition qui ont physiquement agressé leur collègue Amy Ndiaye.

Retour sur les faits

Tout se passe le jeudi 1er décembre dernier à l’Assemblée nationale sénégalaise. Les députés sont en train de débattre sur budget du ministère de la justice lorsque Amy Ndiaye, maire de la commune de Gniby, se fait physiquement et violemment attaquer par ses 2 collègues.

Massata Samb lui assène une gifle sur le visage tandis que Mamadou Niang lui donne un coup de pied en plein ventre. La raison de tous ces actes de violence ? Mme Ndiaye aurait tenu des propos irrespectueux envers le chef religieux qui se trouve être le dirigeant du parti des 2 hommes.

Il s’agit de Serigne Moustapha Sy, guide religieux très influent au Sénégal et chef du PUR, Parti de l’Unité et du Rassemblement, qui est une composante de la principale coalition de l’opposition.

Les deux députés en cavale

Les faits sont graves, les actes sont violents. Amy Ndiaye qui est enceinte, est admise dans un établissement hospitalier. Le lundi suivant, une plainte est déposée contre les deux députés au tribunal de Dakar.

D’après les déclarations d’un responsable policier qui s’est confié en anonyme à l’AFP, les forces de l’ordre sont à leur trousse depuis samedi, puisque les 2 hommes mis en cause ont pris la fuite après avoir appris qu’une procédure judiciaire avait été enclenchée.

Me Boubacar Cissé, l’avocat de Mme Ndiaye a déclaré que la police avait été saisie par le Parquet à la suite d’un « courrier du président de l’Assemblée Nationale » qui exigeait des poursuites contre les députés.

Le Sénégal, un pays dont la culture qui légitime les violences sexistes ?

Bien que le PUR ne fût pas joignable lundi pour la procédure judiciaire, le parti de l’opposition exige des excuses de Amy Ndiaye, pour avoir manqué de respect à leur leader et de l’avoir accusé de non-respect de sa parole et de mépris envers le président Macky Sall. On en viendrait à se demander si on vivrait dans un monde parallèle où la victime doit s’excuser pour s’être fait frapper. Comment croire qu’une avancée sur la question des violences basées sur le genre est possible quand des représentants de la loi eux-mêmes se livre à ce genre d’actes en plein hémicycle, lors d’une session sur le sujet des violences sexistes ?

Sur les réseaux sociaux, la vidéo de la scène de violence a très vite été partagée et vue des milliers de fois. Les internautes n’ont pas manqué d’exprimer leur indignation, surtout dans un pays où les violences sur les femmes sont encore un sujet pris à la légère par les populations.

S’il fallait le plus de preuves de l’urgence de rééduquer la population sénégalaise sur les questions de violences basées sur le genre, cette scène constitue la preuve ultime de la nécessité de la chose dans ce pays où la culture patriarcale est particulièrement ancrée et a largement contribué à la banalisation de ce type de geste. La spontanéité avec laquelle les deux députés s’en prennent à leur collègue mais surtout la réaction des membres de leur parti nous démontre une fois de plus que les violences sexistes ont encore de beaux jours au Sénégal.

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