Angola : L’opposition dépose un recours juridique et demande l’annulation du vote

Angola : L'opposition dépose un recours juridique et demande l'annulation du vote Actualité & Info | Éditions Afrique

On dirait que les pays africains en pleine période électorale se sont donné le mot sur la tenue à adopter au moment des résultats des élections. Après le Kenya où l’attente est portée vers la décision de la Cour suprême approchée par le perdant Odinga, c’est désormais en Angola que le principal parti d’opposition a saisi la Cour constitutionnelle du pays pour demander l’annulation des élections du mois dernier.

Le 24 août dernier, l’Angola vivait les premières élections les plus disputées de son histoire depuis son premier vote multipartite en 1992. C’est le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), parti au pouvoir, qui a été déclaré vainqueur.

Résultats et contestations en Angola

La commission électorale a déclaré Joao Lourenço du MPLA, candidat élu avec un peu plus de 51 % des voix. Une victoire qui signe la prolongation du règne sans interruption du parti, monté au pouvoir depuis près de cinq décennies. Il s’agit du deuxième mandat du président Lourenço. De son côté, le parti de l’opposition l’UNITA, a obtenu environ 44 %. Il s’agit du meilleur résultat à ce jour du parti qui est un ancien mouvement rebelle ayant mené une guerre civile acharnée de 27 ans (terminée officiellement en 2002) contre le gouvernement du MPLA.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, une allocution vidéo diffusée montrait Adalberto Costa qui répétait que l’UNITA « ne reconnaissait pas les résultats définitifs » de la commission électorale nationale. Le président du parti de l’opposition et officiellement candidat déchu au scrutin présidentiel a déclaré que le MPLA n’avait pas gagné les élections et qu’il était temps pour le pays d’adopter un véritable état de droit démocratique.

Après que les plaintes déposées ont été rejetées par la Commission électorale mardi, l’UNITA a décidé de se rendre devant les tribunaux. Costa s’attendait à ce que la cour constitutionnelle et la commission comparent leur décompte de voix avec celui du parti, qui n’a pas encore été entièrement publié. Costa ne lâche pas l’affaire et a déclaré que son parti et lui, feront tout pour que tous les votes soient effectivement comptabilisés et respectés.

Déclarations de l’UNITA

L’UNITA a fait savoir via son compte officiel Instagram qu’elle avait déposé le recours en justice pour annuler l’élection. L’opposition avait delà déclaré à plusieurs reprises ne pas reconnaître les résultats de la commission électorale et que diverses plaintes avaient été déposées auprès de celle-ci. Le parti a cité des divergences entre le décompte de la commission et son propre décompte.

Cependant, les démentis de la commission électorale n’ont pas empêché 4 commissaires électoraux sur les 16 totaux, de ne pas signer les résultats finaux, exprimant ainsi des doutes sur le processus.

Si au Kenya on en est à attendre la décision de la Cour Suprême, en Angola, c’est celle de la commission électorale que le peuple attend. Plus tôt dans la journée de jeudi, Artur Torres, un porte-parole de la Cour constitutionnelle, a expliqué que le plaignant peut faire appel devant la cour après que la commission a pris sa décision. À partir de ce moment, la cour dispose de 72 heures pour informer toutes les parties intéressées et 72 autres heures pour se prononcer sur la question.

Un gouvernement inefficace ?

En Angola, Le MPLA a été le seul parti au pouvoir depuis l’indépendance obtenue en 1975. Si tout allait plus ou moins bien lors des premiers mandats, il faut également reconnaître que le parti a été très critiqué ces dernières années. Pour ces élections, il a connu sa pire performance en baisse par rapport à sa victoire avec 61% des voix en 2017. Le faible taux de participation au scrutin témoigne aussi du désintérêt de la population pour la chose politique. Seulement environ 45% des personnes inscrites ont voté.

Pour son second mandat, Lourenço s’est engagé à poursuivre les réformes déjà entamées, dont la privatisation des actifs publics mal gérés et la poursuite de la lutte contre la corruption. Seulement, ses réformes n’ont pas encore réussi à créer une distribution plus équitable de l’immense richesse pétrolière de l’Angola qui reste principalement entre les mains de quelques fonctionnaires du MPLA bien connectés.

La corruption reste le plus grand mal qui mine la société angolaise. D’après les analystes, le MPLA contrôle la cour, dirigée par un ancien membre du parti. Toutefois, le gouvernement insiste sur le fait qu’elle exerce ses pouvoirs de manière totalement indépendante.

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