L’inflation est une réalité qui frappe les populations camerounaises au quotidien. La preuve en est l’augmentation des prix à la consommation finale des ménages qui sont passés à 5,1% depuis le début de l’année. Même si elle est ressentie à travers tout le pays, certaines villes en font les frais plus que d’autres. D’ailleurs, selon l’institut national de la statistique, le seuil communautaire de 3% a été dépassé au premier semestre 2022 dans 9 villes.
Les chiffres sont formels, l’inflation est bel et bien présente au Cameroun. Sur les 12 derniers mois, elle se situe en moyenne à 3,8% en juin 2022, contre 2,2% sur la même période en 2021.
Les villes les plus touchées
Malgré des effets ressentis dans les moindres recoins du pays, certaines villes sont plus affectées que d’autres.
Ce sont Bamenda avec ses +5%, Maroua et ses +5%, Bafoussam est à +4,5%, suivie de près par Ebolowa à +4,4% et Buea à +4,2%. Quant à Garoua, la ville du Nord est à +3,8%, pendant que les deux capitales politique et économique Yaoundé et Douala sont respectivement à +3,5% et +3,3%. Pour finir, on retrouve Ngaoundéré et ses +3,1%. Ces 9 villes ont largement dépassé le seuil de l’inflation fixé à 3% par la Cemac.
Inflation et chiffres
Si les prix à la consommation finale des ménages ont augmenté au premier semestre de cette année, c’est évidemment à cause des prix des produits alimentaires qui sont montés en flèche.
D’après la note de L’Institut National de la Statistique (INS), les denrées alimentaires ont connu une hausse générale de 8%. Les aliments concernés sont les pains et les céréales qui ont connu une augmentation de 9,8% ; viennent ensuite les viandes avec une augmentation de 9,2% et enfin les poissons et fruits de mer avec leur 9,1% des prix. Les produits les plus touchés sont sans aucun doute les huiles et graisses dont les prix ont augmenté de 13,5%.
Quelles sont les causes de cette inflation ?
Plusieurs raisons seraient à l’origine de cette flambée des prix. Sur le plan international, il y a la pandémie de Covid-19 et ses effets sur la production et les chaines d’approvisionnement ; sans oublier la récente crise russo-ukrainienne, deux des principaux fournisseurs de céréales et d’intrants agricoles.
Sur le plan sous-régional, la perte de valeur de la monnaie commune le Fcfa par rapport au dollar, n’est pas en reste. D’après l’INS, la dévaluation du CFA a entraîné un renchérissement des importations de matières premières et de produits alimentaires. Par conséquent, l’importation de certains produits de première nécessité tels que le riz, le blé et autres céréales, le carburant et le gaz domestique est de plus en plus coûteuse et difficile.
S’agissant de l’aspect national, ce ne sont pas les raisons pour justifier l’inflation qui manquent. L’insuffisance de la production nationale à cause de la faible capacité du système productif est l’une des raisons principales de la hausse incessante des prix sur le marché. On peut également noter les conditions climatiques peu favorables ; les conséquences de la crise sécuritaire dans le NOSO. Cette crise limite d’une part la production et d’autre part, entrave l’acheminement des produits.
Le manque et la dégradation de certains axes du réseau routier ou ferroviaire qui favorisent l’approvisionnement limité des grands centres de consommation ; les pratiques spéculatives de certains commerçants qui n’hésitent pas à augmenter les coûts selon leurs propres termes ; la transmission bien que partielle des fortes hausses des coûts de production, en particulier sur les matières premières et les intrants agricoles, sur les prix de vente aux consommateurs ; les difficultés d’approvisionnement et enfin la faiblesse des stocks de sécurité, alliée à la pénurie de certains autres produits.
Cependant, en dépit de tous ces chiffres alarmants, l’INS juge que l’inflation au Cameroun reste relativement maîtrisée. Cet argument est justifié par la stabilisation des prix des produits pétroliers à la pompe, sans laquelle l’inflation se serait déjà envolée. Cette stabilisation est possible grâce au soutien budgétaire de l’Etat qui se situe à environ 317 milliards Fcfa à fin juin 2022. L’INS a beau donner un argument qui se veut rassurant, une chose est certaine, le panier de la ménagère est de plus en plus vide et a de plus en plus de mal à se remplir.
Source : EcoMatin