Célébration de la journée de l’enfant africain : Stop aux abus sur les filles

Célébration de la journée de l'enfant africain : Stop aux abus sur les filles Actualité & Info | Éditions Afrique

À l’occasion de la célébration de la journée de l’enfant africain, l’organisation Human Rights Watch a invité les gouvernements africains à adopter des lois et mesures plus strictes qui assureront la protection des filles des pratiques malsaines et inhumaines qui violent leurs droits.

Dans le continent, de nombreux pays souffrent encore des taux élevés d’abus de toutes sortes et de violences incontrôlées dont sont victimes les jeunes filles. Ces abus sont aussi divers et variés que les conséquences qu’ils entraînent et que les victimes qui en font les frais.

Les mariages précoces, tueurs silencieux

L’un des multiples abus auquel sont sujettes les jeunes filles dans le continent, concerne la question du mariage précoce. En Afrique, et particulièrement en Afrique subsaharienne où ils sont le plus répandus, les mariages des enfants sont souvent fondés sur des contextes culturels, économiques, religieux et juridiques discriminatoires. Certaines perceptions sociales sont également néfastes sur le rôle des filles et des femmes. Cette partie du continent affiche un bilan lourd avec dix-huit des vingt nations du monde ayant les taux les plus élevés de mariages précoces.

Ces mariages précoces ne sont pas sans conséquence et sont la principale cause du taux élevé de grossesse chez les adolescentes et de déscolarisation à partir du secondaire chez les femmes plus âgées. La récente pandémie de Covid-19 qui a donné lieu à l’arrêt des cours et le confinement dans plusieurs zones du continent, a grandement contribué à l’augmentation de ce taux de grossesse et selon les estimations de l’UNICEF et d’autres groupes humanitaires, ce chiffre ne cessera d’augmenter en raison de l’abandon scolaire des filles et des crises financières auxquelles font face de nombreuses familles.

Une autre conséquence de ces mariages d’enfants est la discrimination que subissent les jeunes filles à l’école, dont elles souvent exclues, ou qu’elles finissent, dans la plupart des cas, à abandonner d’elles-mêmes, pour fuir la honte, les moqueries et jugements.

Rita Nkeiah, chercheuse sur les droits de la femme pour Human Rights Watch a déclaré que de nombreuses filles abandonnent l’école parce qu’elles subissent des pressions pour se marier et avoir des enfants à un moment critique de leur éducation et de leur avenir. « Le mariage des enfants empêche les filles de prendre leurs propres décisions de vie, perturbe ou met fin à leur éducation, les expose aux abus et aux préjugés et les empêche de participer pleinement à la vie économique, politique et sociale. » a-t-elle ajouté.

Concernant la question du mariage précoce et son abolition, l’organisme international a déclaré aujourd’hui que : « Les gouvernements africains ne devraient pas tolérer ou autoriser légalement le mariage des enfants, le déni d’éducation ou d’autres violations des droits humains à l’encontre des filles ».

Difficultés financières et scolarisation des filles en danger

Selon les études de Human Rights Watch effectuées au Nigeria, en Tanzanie et au Malawi entre autres, les frais de scolarité ainsi que toutes les dépenses indirectes dans les écoles secondaires constituent l’un des plus grands obstacles pour la scolarisation des filles issues de ménages à faible revenu et celles confrontées à la pauvreté. Le patriarcat n’est pas en reste, dans certaines de ces régions, il est un frein majeur tant il restreint l’accès des filles à l’éducation, car il y est encore courant de penser que l’éducation devrait être réservée aux garçons tandis que les filles sont destinées au mariage et à la procréation.

Les gouvernements africains complices

Si aujourd’hui, de nombreuses filles sont autant exposées au mariage précoce et à ses conséquences, c’est malheureusement à cause du silence complice des autorités censés veiller sur elles et assurer leur sécurité, leur protection et le respect de leurs droits. L’inaction de plusieurs gouvernements africains reste l’un des plus grands obstacles à l’effort de protection des droits des filles. Le fait que de tels abus soient autorisés par la loi reflète le rôle de complice que jouent les gouvernements et dans lequel ils semblent se complaire. Selon Human Rights Watch, il y a une incohérence entre les paroles des gouvernements et leurs actes. En effet, malgré leurs promesses de résoudre le problème et s’attaquer aux pratiques préjudiciables à l’égard des filles et des femmes pour y mettre fin, les faits montrent que l’application est très lente, pour ne pas dire inexistante. Une inaction condamnable et d’une cruauté innommable quand on sait que les mariages d’enfants entraînent presque toujours le refus de l’éducation et de tout espoir de réalisation de soi pour la fillette.

L’Union Africaine réagit

De son côté, l’Union Africaine a décidé d’agir. En effet, selon Human Rights Watch, l’organisation a prévu de renforcer la demande des autorités africaines des droits de l’homme et pousser tous ses pays membres à abolir le mariage des enfants. Par ailleurs, elle compte exhorter les gouvernements à adopter des lois et à mettre en œuvre des programmes de continuation scolaire qui encouragent les filles à poursuivre leurs études et à retourner à l’école après avoir eu un enfant pour réussir leurs études, car des mesures dont le but est d’aider la société dans son ensemble en passant par l’éducation contribueraient également et favorablement à la situation en faisant de la société un meilleur espace alphabétisé dans lequel les filles peuvent s’épanouir et poursuivre une meilleure existence.

En Afrique, même si certains progrès significatifs ont été faits et observés dans de nombreux pays en ce qui concerne la réduction des inégalités entre les sexes, notamment dans l’accès à l’enseignement secondaire grâce à des mesures actives de sensibilisation, de nombreuses filles continuent de rencontrer de graves difficultés et limitations qui les empêchent de jouir pleinement de leur droit à une éducation appropriée et approfondie.

Des approches de solutions

Les abus sur les filles doivent cesser. Afin de résoudre ce problème dangereux pour la société, quelques solutions ont été proposées. La nécessité d’une campagne de base plus approfondie et plus pratique afin d’enseigner les bonnes mentalités et d’effacer les croyances erronées préexistantes, qui consistent à répandre l’idée selon laquelle seuls les garçons ont droit à l’éducation. Aussi, il est important que les femmes qui réussissent se démarquent et soient célébrées par les parties prenantes, ce qui permettra à communauté et plus particulièrement aux filles d’avoir des modèles qu’elles pourront admirer et copier.

Évoquer ces problèmes et en discuter montre à quel point la célébration de la Journée de l’Enfant Africain est importante et relève d’une grande innovation. De ces discussions, ne pourront que découler des retombées positives et bénéfiques telles que la mise en place des mesures et des solutions actives qui contribueraient à créer non seulement un monde meilleur pour les enfants, mais aussi et très important, un avenir meilleur pour le monde.

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