Congo-Brazzaville : Pour la préservation des droits des femmes veuves

Congo-Brazzaville : Pour la préservation des droits des femmes veuves Actualité & Info | Éditions Afrique

« Le statut de la veuve entre la tradition et modernité  » était le thème de l’échange organisé le 28 juin à Brazzaville par le secrétariat exécutif du Conseil consultatif de la femme, à l’occasion de la Journée Internationale de la Veuve. Un échange qui avait pour objectif la sensibilisation de la communauté sur la situation précaire des veuves au Congo, victimes des traditions et certaines pratiques péjoratives.

Le 23 juin a été officiellement déclarée Journée Internationale des Veuves par l’Assemblée générale des Nations Unies. Un décret loin d’être anodin puisqu’il avait pour but de porter l’attention de la communauté internationale sur ces dernières, très souvent victimes de marginalisation.

Pourtant célébrée chaque 23 juin dans le monde, la journée internationale de la veuve a dû être organisée en différé au Congo, en raison du calendrier. C’est ce qu’a expliqué Antoinette Kébi, la secrétaire exécutive du Conseil consultatif de la femme, qui était en présence de la délégation des sages et notables, associations de lutte pour les droits de l’homme.

La situation critique des veuves au Congo

La causerie a été précédée par une pièce de théâtre jouée par le groupe Agora. L’œuvre mettait en exergue une situation de maltraitance subie par des veuves lors de la disparition des époux. Cette rencontre était l’occasion pour Antoinette Kébi de souligner et rappeler aux personnes, les difficultés rencontrées au quotidien concernant le respect des droits des veuves en dépit des nombreuses dispositions prises au niveau du code de la famille et récemment, avec la loi Mouébara.

Dans certaines localités du Congo, une femme qui perd son mari, perd aussi ses droits et devient très vulnérable. Spoliation des biens, privation d’héritage et soumission dégradante à leurs belles familles (pleurer sans cesse, garder la tête baissée, dormir à même le sol sur une natte, se nourrir une fois par jour, se raser la tête…) sont le lot de nombreuses femmes.

Ces épreuves relevant de la tradition sont appliquées par les femmes contre les femmes. Madeleine Miankaba en témoigne : « Oui hélas, par les femmes ! Mais nous serons là à conscientiser les femmes, surtout nous qui sommes déjà veuves, celles qui vont venir et nos propres filles qui seront les veuves de demain. Il faut arrêter tout cela », plaide-t-elle.

« Les rites de veuvage sont fortement ancrés, nombreux et variés selon les espaces géographiques et sociologiques. Ils consistent en des privations parfois des maltraitances qui visent à rappeler à la femme que rien ne sera plus comme avant. Ils ont cette particularité d’être dégradants, humiliants et de bafouer un droit humain fondamental, celui de la dignité humaine ».

Emilienne Raoul, ex- ministre congolaise des Affaires sociales

Mme Kébi n’était pas la seule à s’exprimer sur la situation des veuves au Congo. Philomène Fouty-Soungou, membre du Conseil Consultatif de la Femme, a parlé de l’importance de la sensibilisation au sein de la communauté sur la situation des veuves. « Ce genre de rencontre consiste à interpeller tout le monde sur ce phénomène afin d’éviter les brimades infligées aux veuves pendant ces moments involontaires », a-t-elle estimé. Par ailleurs, elle a soulevé le rôle néfaste que jouent les belles-mères et sœurs du mari, rendant critique et difficile, la situation de la veuve au Congo. Elle a également accusé l’époux qui très souvent, ne parvient pas à faire la part des choses entre ses parents et sa femme qui se laisse malheureusement malmener par peur de représailles.

Philomène Fouty-Soungou a fait part de son souhait de réaliser une étude concrète dans tous les départements. Sachant que le veuvage n’est pas une situation vécue de la même manière dans tout le territoire, cette étude aura pour objectif la production des données fiables qui favoriseront la mise en application la loi Mouébara. Nous espérons que cette initiative servira d’exemple à d’autres pays et ouvrira les yeux des populations qui manquent souvent d’empathie envers ces femmes qui ne sont rien d’autres que victimes des sorts de la vie.

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