Sénégal: La zone de Kafountine revit de l’arboriculture après 40 ans

Sénégal: La zone de Kafountine revit de l'arboriculture après 40 ans Actualité & Info | Éditions Afrique

Le Sénégal accueille de bonnes nouvelles. Le retour de la stabilité et de la sécurité dans la zone de Kafountine, dans le département de Bignona, a fait du bien aux populations qui semblent revivre. Notamment grâce à l’arboriculture fruitière, en plein essor dans la région. Véritable source de vie et d’espoir, ce secteur contribue au développement de la zone, même s’il y a encore de nombreux efforts à fournir pour qu’il atteigne son potentiel maximal.

Il y’ a plus de 40 ans, cette région était minée par des attaques rebelles qui l’ont non seulement détruite, mais ont poussé les populations à se déplacer, pour trouver un abri ailleurs. Avec l’amélioration du contexte sécuritaire, ces déplacés sont retournés sur leurs terres qu’ils ont décidé d’exploiter au mieux.

Retour au pays natal

Après une opération de démantèlement des quelques dernières bases de rébellion effectuée en mars dernier, un nouvel espoir est né autour de la zone de Kafountine. De nombreux déplacés, profitant du retour de la stabilité, ont effectué un retour au pays natal afin de vivre des activités des terres.

Désormais, la zone est truffée de plantations d’arbres fruitiers. D’orangers aux manguiers, en passant par des jardins potagers, on y trouve de tout, dans les exploitations familiales. Qu’ils soient formés ou pas, de plus en plus de jeunes ont trouvé dans cette activité, une passion, un travail et une source de revenus.

C’est le cas de Moustapha Faty, la trentaine révolue, diplômé de l’université Cheikh Anta Diop et ancien émigré qui est devenu propriétaire d’une plantation à Djindem, dans la commune de Kafountine. C’est un verger alimenté à l’énergie solaire dans lequel on retrouve des orangers, des goyaviers, des citronniers, des mandariniers, des corossoliers, des papayers et des bananiers, tous plantés à de différentes périodes il y a un peu moins de 3 ans.

Faty sait qu’il faut beaucoup d’efforts et de patience pour récolter les fruits de son labeur, mais il ne compte pas baisser les bras en si bon chemin. Sa ferme agroécologique se veut loin des produits chimiques et plus proche de s engrais bio qu’il n’hésite pas à convoyer depuis Ziguinchor. Il sgit de compost constitué essentiellement de coques d’arachide et de fumier « extrêmement riche en nutriments ».

Pour Faty, le but est de mêler agroécologie et élevage d’animaux. Ainsi, grâce aux arbres fruitiers, les animaux bénéficieront d’intrants afin d’être élevés dans la ferme tout en formant un cycle de vie cohérent et propre.

L’arboriculture: Une bonne source de revenus

L’arboriculture a de nombreux avantages. En plus de lutter contre le chômage et l’exode rural, elle constitue une bonne source de revenus pour les adeptes. Grâce aux revenus qu’ils se font, les cultivateurs peuvent supporter le coût de la vie, notamment durant la période de maturation des oranges, explique Taïrou Diémé.

Au moment de la maturation, la production d’orange se vend à 250 FCFA le kilogramme, soit près de 3 millions par verger, voire plus. Une raison suffisante pour justifier tous les investissements et autres efforts fournis pour la réalisation de telles productions, dans cette zone où certaines familles possèdent deux à trois vergers.

M. Diémé note que le maraîchage s’avère être « une activité très rentable », avec les productions de tomate, de piment, de gombo, d’oignon et d’aubergine, qui peuvent, selon lui, rapporter en trois mois entre 200.000 et 400.000 francs CFA.

Sénégal: Les problèmes liés à l’arboriculture

Comme tout secteur d’activités, l’arboriculture a également ses inconvénients. Dans ce cas ci, il s’agit plus d’aspects qui empêchent son éclosion parfaite. Ce sont les besoins de grandes machines, mais surtout, les besoins de financement.

En effet, les agriculteurs sont souvent confrontés à des problèmes liés aux changements climatiques et qui affectent les terres. Entre le sel qui gagne de plus en plus les rizières et tarissement des puits, les populations sont obligées de recourir à un système de pompage alimenté par l’énergie solaire.

Seulement, à cause du manque de financements, elles s’appuient beaucoup sur le savoir endogène. Les agriculteurs ont besoin de financements pour améliorer leurs conditions de travail mais aussi pour se former à la maîtrise de techniques modernes car le partage d’expérience et de connaissances, bien que important, n’est malheureusement plus suffisant pour faire face à certaines difficultés.

À ces problèmes, s’ajoutent les lacunes dans la structuration de la filière et l’absence de structures adaptées pour l’encadrement des producteurs, qui impactent négativement la vente des productions. Or, pour pouvoir vendre et tirer profit de leurs vergers, ces producteurs ont besoin d’appui des pouvoirs publics, des collectivités territoriales qui pourront agir en leur faveur.

Moderniser les choses grâce aux terres et aux machines

Pour Moustapha Faty, tout le monde peut devenir paysan avec une bonne terre et une maîtrise de quelques techniques dans le domaine agricole. Mais aussi vrai que cela puisse être, il ne faut pas oublier que de nos jours, cultiver la terre demande énormément de moyens.

L’époque de l’agriculture opérée avec des outils manuels et traditionnels est révolue. Il faut des machines et plus les terres sont grandes, plus les machines doivent l’être. Dans les zones comme Casamance, il est impossible de cultiver avec les outils traditionnels car il y a trop d’herbes.

Grâce aux machines, les agriculteurs pourront travailler sur toute l’année tout en fournissant moins d’efforts physiques et e’ agrandissant les superficies à exploiter. D’ailleurs, M. Faty explique pour une plantation d’un à 2 hectares, il faut un investissement de 5 à 6 millions de FCFA en moyenne.

Tandis que d’autres vergers doivent survivre aux moyens traditionnels, M. Faty peut se vanter davoir un tracteur, un rétrobatteur, une faucheuse, un semoir ou un chariot. Un équipement évalué à environ 4 millions de FCFA, et que les autres agriculteurs ne peuvent pas s’offrir, déjà très occupés par le combat contre les mouches qui détruisent leurs productions.

Alors, l’arboriculture est devenue une solution efficace car il a fallu s’adapter à ce qui marche et s’il y a une vingtaine d’années, c’était la mangue, désormais ce sont d’autres légumes et fruits tels que les bananes, les papayes qui permettent de subvenir aux besoins en attendant la maturation des oranges, produit phare qui rapporte plus.

En attendant de recevoir plus de soutien, les producteurs de la zone de Kafountine travaillent à mettre en place une coopérative devant les regrouper, pour des solutions plus adaptées à leurs problèmes, qui vont du besoin de formation à l’écoulement des productions

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