Zimbabwe : La légalisation de la culture du cannabis fait débat

Zimbabwe : La légalisation de la culture du cannabis fait débat Actualité & Info | Éditions Afrique

Image by Greg Beadle

La controverse autour de la culture du cannabis est réelle à l’échelle mondiale. Si d’aucun considère ce dernier comme une drogue à bannir des rues, plusieurs lui ont décelé des vertus thérapeutiques utilisables tant dans le cadre de la médecine moderne que traditionnelle.

Le Zimbabwe, après le Lesotho est le second pays du continent Africain a légalisé la culture du cannabis à des fins médicales ou scientifiques. L’autorisation de la culture du cannabis est actuellement disponible pour une exploitation à des fins médicales.

Pour se lancer dans cette culture, il faut dans un premier temps disposer d’une autorisation délivrée par les autorités puis, se faire encadrer. L’encadrement représente le gage que la culture sera effectivement utilisé pour la médecine ou la science. L’autorisation est délivrée par le ministère de la santé. Le demandeur doit préciser la quantité maximale de production ainsi que la destination des récoltes. La licence est valide pour une durée de cinq années renouvelable.

Les conditions à remplir pour avoir l’autorisation d’exploiter légalement le cannabis sont : Demander une licence au gouvernement, Fournir trois copies du plan du site de culture proposé (pour s’assurer qu’il est conforme à la réglementation), Payer un droit de licence de 40 000 $, Payer des frais d’enregistrement de la déclaration annuelle de 15 000 $, Présenter, au besoin, une demande de renouvellement de la licence (20 000 $), Payer des frais de recherche (s’il y a lieu) de 5 000 $ – en cas de renouvellement, le montant est réduit à 2 500 $.

A ce jour, nous enregistrons près de 200 investisseurs locaux et étrangers, près de 44 demandes ont été approuvées, bien qu’une seule entreprise a commencé avec la culture. Cette décision s’arrime à la tendance mondiale en matière de cannabis. Mme Zorodzai Makovere (du Zimbabwe Industrial Hemp Trust) a exprimé son opinion sur la question : « Il y a un mouvement mondial en faveur du cannabis et le Zimbabwe a un énorme avantage compétitif par rapport aux pays qui ont lancé cette tendance jusqu’à présent » a-t-elle déclarée 

Tino Kambasha, agent aux affaires commerciales de l’agence du développement de l’investissement du Zimbabwe, a exprimé son enthousiasme face à la croissance rapide de l’industrie : « on s’attend à ce que l’industrie mondiale du cannabis génère 46 milliards de dollars en trois ans –  avec déjà cette année 16,47 milliards ».

Le gouvernement voit en la culture du cannabis une source de revenu supplémentaire.  Toutefois, notons que le Lesotho en septembre dernier, après avoir donné la même autorisation a accueilli deux sociétés étrangères, parmi lesquelles un grand groupe pharmaceutique canadien.

Cette décision ne fait pas l’unanimité sur le territoire. Les militants du secteur de la santé ne comprennent pas les fondements de cette largesse et craignent des répercussions sur la jeunesse. En effet, selon Numbeo, le Zimbabwe est classé huitième pays Africains avec le taux de criminalité le plus élevé soit un indice de criminalité de 59.67 contre un indice de sécurité de 40.33.

La capitale du cannabis est Binga, toutefois, il est également cultivé à Chipinge, Chiredzi, Ruangwe et Nyanga, qui se trouvent tous dans les hauts plateaux de l’est, ainsi qu’à Mtolo dans le nord-est. La grande majorité du cannabis produit est destinée à la consommation intérieure, bien que de petites quantités soient parfois introduites en contrebande en Afrique du Sud.

Les usages du cannabis sont nombreux. Bien avant la légalisation de sa culture, cette plante était déjà utilisée par les Zimbabwéens pour plusieurs raisons. Les appellations qui lui sont attribuées sont diverses : mupanjere (l’arbre qui donne de la sagesse), imbangue ou mbangue. Il était utilisé pour diverses raisons notamment lors des cérémonies rituelles. En effet, la Zimbabwe National Practitioner’s Association, en réponse à l’annonce du gouvernement déclare que le cannabis fait partie intégrante de leur phytothérapie et qu’ils l’ont toujours utilisé pour la guérison de certaines maladies et pour l’exorcisme.

Par ailleurs, la plante est également utilisée dans le domaine de la cosmétique. Sous forme de poudre ou d’huile, elle contribue au renforcement des cheveux et à la croissance capillaire.

La question des mesures prises pour protéger la jeunesse déjà plongé dans les problèmes de drogue reste au centre des préoccupations des autorités religieuses. Ces craintes semblent justifiées par le fait que depuis l’adoption de cette loi, 9% des adolescents consomment du cannabis au Zimbabwe.

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