Kenya : Controverse autour du fonds Hustler de Ruto

Kenya : Controverse autour du fonds Hustler de Ruto Actualité & Info | Éditions Afrique

Lorsqu’il se présentait au scrutin présidentiel du 9 août dernier, William Ruto s’était érigé en héros des débrouillards et des pauvres. De ce fait, il a lancé le « fonds des débrouillards » ou encore « le fonds Hustlers » pour permettre aux plus pauvres kényans d’avoir accès au crédit et pouvoir relancer, l’économie du pays. Seulement, depuis son investiture, l’actuel président du Kenya peine à mettre en œuvre toutes ses promesses de campagne. Le fonds Hustlers longtemps attendu, est loin de faire aujourd’hui, l’unanimité.

Le fonds Hustlers est une des mesures phares du programme de campagne de William Ruto. Il est doté d’un montant total de 50 milliards de shillings soit environ 400 millions d’euros environs sur une période de cinq ans. Ce fonds comprendra trois autres volets dont le micro-crédit disponible d’ici fin janvier 2023, les prêts aux PME disponibles d’ici fin mars 2023 et les prêts aux start-up disponibles d’ici fin mai 2023.

Les conditions d’accès au fonds

C’est un fonds dont la finalité est de fournir des prêts abordables aux citoyens kényans propriétaires d’entreprises dans le secteur informel, avec des prêts allant de 4 à 400 dollars et une période de remboursement de 14 jours à un taux d’intérêt de 8% par an.

Il vise 8 millions de citoyens kényans âgés d’au moins 18 ans, détenteurs d’une carte nationale d’identité valide et d’un numéro de téléphone enregistré auprès d’une société de télécommunication au Kenya, puisque les prêts sont accessibles via un code USSD ou une application pour téléphone portable.

Lors de son lancement à Nairobi, le président Ruto a déclaré qu’il n’y aurait aucune obligation de remplir des formulaires manuels ou de trouver des garants tiers, car le fond sera sans aucune bureaucratie.

Les citoyens déçus de Ruto et du fonds Hustlers

Durant les campagnes électorales, le président Ruto alors candidat, avait promis à ses électeurs la gratuité du fonds. Mais une fois élu et rendus au lancement de la mesure, le discours de Ruto semble avoir changé.

En effet, le président a récemment déclaré qu’il n’y a pas « d’argent gratuit ». Des propos qui ont suscité de vives critiques de la part des Kényans qui se sont dit déçus par le président qui n’a pas tenu sa parole. Ils étaient principalement des citoyens ayant accordé leur confiance et leur vote à Ruto et ils comptaient avoir recours à ce fonds pour développer leurs affaires.

Au-delà de ce sentiment de trahison, d’autres électeurs pensent que le gouvernement devrait augmenter la période de remboursement. Ils estiment que 14 jours c’est trop peu et espéraient que cela passe à 1 mois minimum.

Les critiques autour du fonds Hustlers

Les opposant de Ruto se sont également exprimés sur le sujet, à l’instar des députés de la coalition Azimio la Umoja de Raila Odinga qui ont critiqué le gouvernement Ruto et leurs mesures de campagne.

Sans mâcher ses mots, Junet Mohamed a déclaré au Parlement que le fonds ne répondra pas aux attentes des Kenyans, car Ruto avait promis de l’argent gratuit, mais s’est rétracté par la suite. Par ailleurs, il s’est exprimé sur les conditions du prêt en demandant : « Comment pouvez-vous obtenir un prêt avec un taux d’intérêt de 8% et vous êtes un prostitué ? »

Quant à l’ancien sénateur et expert financier Billow Kerrow, il a dit ne voir rien de nouveau dans ce fonds. Pour cet homme qui a déjà été président de la commission des finances et du budget du Sénat, le fonds Hustler n’a rien de révolutionnaire ; surtout qu’en matière de crédit numérique au Kenya, il y a déjà Fuliza et d’autres fournisseurs.

Entre déception, colère et attentes, certains citoyens kényans ont décidé de ne pas avoir recours aux prêts puisque le fonds n’est pas assez attrayant pour eux.

Pendant ce temps, le ministre des Coopératives et des MPME Simon Chelugui, a déclaré que plus de 1,1 million de Kenyans s’étaient inscrits et qu’un total de 408 millions de shillings kenyans avait déjà été déboursé.

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