Madagascar est le troisième producteur mondial de mica, pour un revenu estimé dans le rapport à 6,5 millions de dollars en 2017. Le pays est récemment devenu le premier exportateur de la planète en devançant l’Inde. L’essentiel de la production mondiale est acheté par la Chine, selon l’ONU. Cependant, selon le rapport « Child Labour in Madagascar’s Mica Sector (2019) » de Terre des Hommes Nederlands et SOMO, près de onze mille enfants travaillent dans les mines de Mica situé dans la région Anosy, Androy et Ihorombe au sud du pays.
Basée sur des enquêtes menées par les deux ONG, dans le secteur privé du mica malgache ainsi que dans le secteur du développement de la situation socioéconomique récent, tels que la sécheresse et la Covid-19, le nombre d’enfants mineurs pourrait être considérablement plus élevé.
Dans une étude publiée par Terre des Hommes et le Centre de recherche sur les multinationales, il résulte que des « conditions de travail rudes » sont imposées à ces enfants, certains âgés d’à peine 5 ans. Au terme d’un an d’investigations dans 13 mines du sud-est, les deux ONG précisent qu’en raison de leur petite taille, la plupart sont chargés de creuser les puits et les tunnels dont ils extraient ensuite le mica. Les plus jeunes sont affectés au tri des plaques de minéraux. « Ils souffrent du dos, de maux de tête dus à la chaleur et au manque d’eau, et sont victimes de blessures aux mains et aux pieds tous les jours ».
Consultant au niveau de Terre des Hommes Netherlands, Lalalison Razafintsalama pense que « Les causes fondamentales de cette situation sont la pauvreté, la précarité ainsi que le manque de services sociaux de protection et bien évidement la sècheresse dans le Sud ». Les mineurs travaillant dans les mines de Mica sont principalement des paysans et des agricultures qui y travaillent durant la saison sèche. Cette source de revenus est très limitée et en dessous du seuil de la pauvreté.
Le consultant ajoute que « Le ménage travaille souvent ensemble : les pères et les adolescents creusent des mines et extraient du mica, tandis que les mères et les jeunes enfants les portent, les classent et ramassent de la feuille de mica. Un collecteur vient ensuite acheter le mica ramassé ». Il s’étonne du fait que « la filière est très peu règlementée puisque sur les treize mines visités en 2019, seulement deux ont des permis valides ». Le revenu des sites miniers peut varier de 1 000 Ar (0,27 USD) pour la collecte de mica de ferraille à 11 250 Ar (3,01 USD) pour l’exploitation minière par adulte par jour. Les enfants mineurs peuvent gagner beaucoup moins.
Ainsi, en accord avec d’autres partenaires internationaux et locaux, Terre des Hommes Nederlands (TdH NL) lutte contre le travail des enfants et travaille pour l’élimination du travail des enfants dans le secteur du mica de Madagascar. « On peut constater que le travail des enfants dans les mines n’a cessé ces dernières décennies. Il ne reste plus que trois ans avant que l’engagement pris en 2015 pour l’élimination du travail des enfants dans les mines ne prenne fin. Une pétition en ligne du public vise à plaider pour l’intensification des efforts des dirigeants signataires dont Madagascar afin de protéger ces enfants travaillant dans ces mines », indique Tsinjo Rahaingoarivelo, directeur de programme au sein de l’ONG Terre des Hommes.
Durant, la Journée mondiale contre le travail des enfants le 12 juin 2022, l’ONG a lancé la campagne TheClockisTicking pour appeler le public et les entreprises à signer une pétition demandant aux dirigeants mondiaux de faire un geste immédiat pour ces enfants mineurs.