Le gouvernement malien a condamné au cours d’un communiqué lu à la télévision nationale les propos diffamatoires et incitatifs à la haine tenu par le président français lors d’une conférence de presse en Guinée Bissau. Il demande à la France de laisser sa posture néocoloniale et paternaliste, tout en invitant le gouvernement à examiner son implication dans les guerres et divisions qui ont meurtri l’Afrique notamment le génocide rwandais de 1994. Les relations entre Bamako et Paris sont définitivement plus tendues qu’il y’ a quelques mois.
Le Mali a été victime d’un coup d’État qui a mené à la prise du pouvoir par des militaires, la légitimité longuement contestée de ce gouvernement a finalement été accepté au sein de la CEDEAO sous quelques conditions. Par contre, grande demeure la gêne de plusieurs entités nationales et internationales au rang desquelles la France.
Lors de sa tournée africaine, plus précisément lors d’une conférence de presse en Guinée Bissau le président français Emmanuel Macron a tenu des propos perçus comme déplacés au sujet de la junte malienne. Au-delà de la remise en cause de la légitimité du gouvernement malien de transition, il a affirmé que le pays entretient des relations avec une agence paramilitaire et use de violence à l’endroit d’une tribu du pays.
Ces affirmations gratuites ont sorti la junte au pouvoir du mutisme, poussant le gouvernement à interpeller la France au cours d’un communiqué lu à la télévision nationale. Le Mali demande à la France d’abandonner sa posture néocolonialiste et paternaliste qui jusqu’ici ne sert pas les intérêts de l’Afrique. Il n’a pas manqué de rappeler qu’en dépit de la situation actuelle, personne ne peut aimer le Mali plus que les maliens eux-mêmes.
Le Mali interpelle la France
Le communiqué a également soulevé les propos incitatifs à la violence ethnique, rappelant à la France qu’elle fait partie des agents qui alimentent les confits sur le continent. « Il est important que le président Macron se remémore constamment le rôle négatif et la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda, un événement qui attriste encore l’humanité », a indiqué le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation
Les propos du président français semblent encore plus diffamatoires alors que selon le ministre, les forces de défense et de sécurité qui sont multi-ethniques, professionnelles, républicaines et résolument engagées, demeurent un rempart solide pour la défense de la patrie, la préservation et la protection de l’ensemble des concitoyens dans leur diversité ethnique et religieuse.
Le Mali continue de marcher sur la voie de son indépendance vis-à-vis de toutes les personnes qui d’une quelconque manière agirait contre l’intérêt national selon leur point de vue. Après avoir rompu sa relation militaire avec Paris, cet autre incident creuse le ravin qui séparait déjà les deux pays.
Les objectifs de la tournée africaine du président français étaient-ils de semer le trouble dans les rangs africains ? Le chassé-croisé avec le diplomate russe relève-t-il du hasard ? L’Afrique est plus que jamais interpellé à rester solidaire et focalisé sur ses objectifs de développement. L’indépendance vis-à-vis des puissances étrangères, plus précisément la France pour les pays de la zone franc constituant un élément des plus importants au cours de la marche vers la croissance.