Sénégal : La victoire des législatives revendiquée par les deux camps

Sénégal : La victoire des législatives revendiquée par les deux camps Actualité & Info | Éditions Afrique

Dimanche au Sénégal se déroulaient les élections législatives. Des élections qui font couler beaucoup d’encre puisque chacun des camps impliqués revendique la victoire. Si le camp présidentiel n’a pas attendu que la journée du scrutin soit passée pour affirmer sa victoire, l’opposition quant elle, s’est manifestée lundi en clamant « une majorité confortable » à l’Assemblée nationale.

Dimanche soir, la tête de liste de la coalition présidentielle Aminata Touré, a reconnu sa défaite à Dakar, avant d’assurer avoir gagné 30 départements, sur les 46 que compte le Sénégal et des circonscriptions à l’étranger. Un état de choses qui selon elle, leur donnait à son parti et elle, une majorité incontestable à l’assemblée nationale.

La réaction de l’opposition

Les propos de Mme Touré ont rapidement fait réagir la principale coalition de l’opposition « Yewwi Askan Wi » qui signifie « Libérer le Peuple » en Wolof. Elle a été formée autour d‘Ousmane Sonko, arrivé troisième de la présidentielle de 2019 avant de se rallier à la coalition « Wallu Sénégal » (Sauver le Sénégal en wolof), dirigée par l’ex-président Abdoulaye Wade.

Cette opposition a déclaré avoir suivi avec stupéfaction la sortie de Mme Touré qui s’est exprimée comme le porte-parole du président Macky Sall accusé par l’opposition de vouloir confisquer les suffrages sénégalais qui assuraient une majorité confortable à l’intercoalition Yewwi/Wallu.

Dans le communiqué où elle déclarait sa victoire, l’opposition n’a cependant pas donné de détails sur ses résultats. Elle n’a ni précisé le nombre de députés qu’elle a réussi à mettre dans son camp et encore moins renseigné sur le caractère relatif ou absolu de la majorité qu’elle pretend avoir obtenu.

En revanche, elle a parlé de « tendances lourdes tirées des procès-verbaux » en leur possession et bien relayées par la presse nationale qu’elle a prise à témoin contre toute éventuelle tentative de manipulation des résultats par le parti présidentiel. Le même communiqué dévoile que l’opposition a fait appel à tous les sénégalais afin de « rester debout pour la sécurisation de la victoire du peuple ».

Quelques détails sur les législatives

C’était au courant d’une journée de dimanche calme et sans incident majeur, que s’est déroulé le vote, sous la supervision de la Commission nationale électorale autonome (Cena), qui a déployé quelques 22.000 observateurs, ainsi que des experts de la CEDEAO et sans grande surprises ceux de la Francophonie.

Les résultats globaux provisoires du scrutin qui a connu un taux de participation de 47%, seront donnés au plus tard vendredi par la Commission Nationale de Recensement des Votes (CNRV), même si depuis dimanche soir, les médias locaux et principaux mouvements politiques n’hésitent pas à donner les résultats partiels à compte-goutte. D’ailleurs, d’après les premières tendances de ces médias, il y aurait un scrutin serré et une belle percée de l’intercoalition Yewwi/Wallu, principalement dans les centres urbains.

Le scrutin à un seul tour, vise à renouveler pour cinq ans les 165 sièges du Parlement monocaméral largement contrôlé par le camp présidentiel. Ces députés sont élus selon un mode qui panache scrutin proportionnel avec des listes nationales pour 53 parlementaires, et scrutin majoritaire dans les départements pour 97 autres. La diaspora dispose de 15 députés.

Les législatives avant les présidentielles

Les législatives de dimanche sont un scrutin important en ce qu’ils servent de test avant les grandes élections présidentielles de 2024. Plus important encore, c’est le contexte dans lequel il se déroule, un contexte rythmé par l’inflation, conséquence de la crise russo-ukrainienne. La hausse des prix des denrées alimentaires est un argument utilisé par l’opposition contre le pouvoir qui met en avant les subventions des produits pétroliers et des denrées alimentaires ainsi que son programme de construction d’infrastructures.

Après les victoires de l’opposition dans les grandes villes sénégalaises lors des élections locales de janvier dernier, elle a affirmé vouloir mettre à profit ces législatives pour imposer une cohabitation au président Sall, qui de son côté, espère conserver une large majorité.

Le président Sall a par ailleurs, promis de nommer un Premier ministre au sein de la formation victorieuse des élections, un poste qu’il avait supprimé puis rétabli en décembre 2021.

Les enjeux des législatives

Au-delà des sièges au Parlement, c’est surtout le désistement de Sall pour un 3e mandat que vise l’opposition. Une défaite pour l’actuel président sénégalais, le contraindrait à ne pas se représenter en 2024.

Actuellement en train de mener son 2e mandat de 5 ans, Sall continue à maintenir le flou sur ses intentions à 19 mois de la présidentielle.

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