Le président malawite Lazarus Chakwera a annoncé mardi qu’il retirait au vice-président Saulos Chilima toute fonction déléguée en raison de l’implication présumée de celui-ci dans une affaire de corruption. Cette annonce officielle fait suite à un rapport du Bureau anti-corruption (ACB)sur l’enquête menée autour d’un vaste scandale de corruption dans le cadre de contrats publics, impliquant déjà plusieurs hauts responsables.
« J’ai décidé de retirer toute fonction déléguée au vice-président Saulos Chilima» , a déclaré Lazarus Chakwera lors d’une allocution transmise à la télévision. Cependant, selon la constitution du Malawi le chef d’État n’a pas le pouvoir de suspendre ou démettre son vice-président, élu.
Le nouveau rapport du Bureau Anti-Corruption (ACB) enquête sur l’homme d’affaires britannique-malawite Zuneth Sattar, soupçonné de corruption, fraude et blanchiment d’argent. Selon ce rapport, Chilima et 52 fonctionnaires actuels et anciens auraient reçu de l’argent de Sattar entre 2017 et 2021.
L’enquête de l’ACB a révélé que parmi les 84 personnes qui auraient reçu de l’argent de Sattar, 13 personnes « se sont conduites de manière corrompue en traitant avec l’homme d’affaires ». L’ACB a également nommé le chef de cabinet des résidences d’État Prince Kapondamgaga et le président de l’Autorité des marchés publics et de la cession des actifs John Suzi Banda dans son rapport et ils ont également été suspendus par le chef d’État.
Qui est Sattar?
Originaire du Malawi, M Sattar s’est installé au Royaume-Uni en 2014 et est désormais citoyen britannique. Il est actuellement le directeur de 11 sociétés basées au Royaume-Uni, dont Xavier Investments, une société d’investissement immobilier. En mai, les juges ont refusé de lever les restrictions de caution qui empêchaient Sattar de quitter le Royaume-Uni. Il fait toujours l’objet d’une enquête de la National Crime Agency pour corruption présumée liée à trois contrats publics avec le gouvernement du Malawi. Cependant, il nie toute malversation.
Le président, déterminé à résoudre cette affaire
« Quant au vice-président, sa fonction est unique en ce sens que la Constitution ne prévoit pas sa suspension ou sa révocation par le président, car il occupe cette fonction par la volonté des électeurs malawites, que je respecte (…) En tant que tel, le mieux que je puisse faire pour l’instant, c’est de le priver de toute fonction déléguée en attendant que le bureau justifie ses allégations à son encontre et fasse connaître sa ligne de conduite à cet égard » déclare le chef d’Etat.
L’ambassadeur de l’Union Européenne au Malawi, Rune Skinnebach, a félicité le Président pour sa prise de position mais a déclaré qu’il fallait en faire plus, « Le licenciement de l’inspecteur général de la police n’est pas suffisant à lui seul, mais c’est au moins l’une des réalisations dans la lutte contre la corruption qui est profondément enracinée dans le pays et qui nécessite un changement de mentalité des gens » déclara-t-il.