Hier les deux hommes politiques en parfaite collaboration au sein du RHDP, ont tenu une rencontre durant laquelle ils ne tarissaient d’éloges l’un pour l’autre.
Ouattara et Soro, deux hommes au passé commun
En effet, pour l’actuel président ivoirien, Soro a toujours été un exemple d’intelligence et de courage du fait de son appartenance au RDR désormais RHDP, qui lui a d’ailleurs valu le titre de héros national et sauveur. Tandis que pour Soro, l’ex haut cadre du FMI et de la BCEA, réputé notamment pour son éducation et sa culture à l’occidentale suite à son séjour aux États-Unis, avait le profil idéal pour moderniser le pays et le hisser au rang des démocraties avancées.
Un profil qui semblait être suffisant pour amener l’ex syndicaliste étudiant issu de gauche, à se joindre au combat et à l’idéologie du haut fonctionnaire de la finance internationale aux convictions ultra-libérales. Malheureusement pour les deux hommes, la pratique du pouvoir va rapidement dégrader leur relation, mettant à mal l’entente et l’estime qu’ils avaient l’un pour l’autre. La situation se dégrade lorsque Guillaume Soro refuse d’adhérer au RHDP nouvelle version et qu’il annonce sa démission de la Présidence de l’Assemblée nationale.
La relation d’amitié et de collaboration, va très vite céder sa place à l’opposition avec la création du GPS (Générations et Peuples Solidaires) par le Député de Ferké. Un mouvement citoyen mais également un instrument dont le but est de de l’accompagner dans sa conquête du pouvoir suprême, celui de chef de l’Etat. S’en suivent une série de procédures politico-judiciaires avec pour cibles ses parents, ses proches, son mouvement GPS et lui-même. Ces actes répressifs vont l’obliger à s’exiler.
Cependant, quelques personnes appartenant aussi bien au RHDP qu’au GPS, poussées par un vent de nostalgie de l’époque d’entente et d’amour entre les deux hommes, se lèvent et font écho de leur souhait de réconciliation entre les leaders, auparavant amis.
La réconciliation Soro-Ouattara est-elle encore possible ?
Il serait erroné, voir même insultant de réduire les éléments qui séparent les deux hommes à de simples querelles personnelles telles que quotidiennement vécues dans une cour commune africaine, puisque la réalité est que la discorde n’est autre que le résultat de deux visions différentes de la Côte d’Ivoire et de divergences sur la conduite des affaires de l’État.
De ce qui précède, force est de constater que pour qui y ait une réconciliation, il faudrait nécessairement que Soro et Ouattara trouvent des compromis et négocient sur les valeurs de démocratie, libertés et État e droit, qui sont au cœur même de leurs divergences.
La question de savoir si Guillaume Soro, en sa qualité de citoyen libre jouissant de tous ses droits a-t-il oui ou non le droit de briguer la magistrature suprême de son pays, se pose.
Seulement, en cas de réponse positive, il se pose une nouvelle question, celle de la pertinence du retour de Ouattara au RHDP comme condition de réconciliation. L’un des points qui opposent les deux leaders, c’est le refus de Soro d’adhérer au parti présidentiel créé au forceps en 2019, seulement pourquoi en tenir rigueur uniquement à Soro, alors qu’il n’est pas le seul politique à rejeter cette version du RHDP ? Avant lui, le PDCI-RDA d’Henri Konan Bédié, l’UDPCI d’Albert Mabri Toikeusse et bien d’autres, l’ont fait.
La balle dans le camp du Président
En réalité, la réconciliation reste une éventualité qui ne sera possible que si le Président Ouattara se défait de ce mépris affiché vis-à-vis de Guillaume Soro et qui l’amène à croire qu’il est sa propriété exclusive qui n’a pas le droit de s’émanciper de « son tuteur ».
Mettre au centre la Constitution ivoirienne et les principes sacro-saints de la démocratie, de l’État de droit, des libertés individuelles et collectives qu’elle célèbre, l’accession du pouvoir aux exigences d’élections libres, ouvertes, transparentes et démocratiques des raisons qui selon Guillaume SORO l’on conduit à la solution extrême de la lutte armée, sont la clé de la réconciliation tant souhaitée.
Guillaume Soro a bien fait comprendre qu’il n’était pas disposé à transiger. Selon lui aucune appartenance à la même base géographique ou culturelle ne saura justifier une quelconque trahison de ses idéaux et convictions pour sa patrie, surtout pas au nom d’une réconciliation de façade entre individus.