Le manque de pluie et la flambée des prix sur le marché international plongent la Somalie dans une situation d’urgence humanitaire. Un nouveau rapport du Réseau d’alerte précoce contre la famine et de l’Unité d’analyse de la sécurité alimentaire et de la nutrition de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), basé sur une évaluation rapide de plusieurs agences des Nations Unies, montre que 7,1 millions de personnes en Somalie (près de 50% de la population) font maintenant face à une insécurité alimentaire de niveau critique ou pire jusqu’en septembre 2022 au moins.
Les problèmes auxquels font face la Somalie aujourd’hui sont dans une certaine mesure semblable à ceux des autres pays africains. La résilience des gouvernements face aux chocs internationaux est rudement mise à l’épreuve. La Somalie a de la peine plus que plusieurs autres pays à faire face aux différentes crises que subi le monde.
L’insécurité alimentaire est encore plus accrue dans le sud du pays à cause des conflits et des guerres qui y sévissent, rendant l’accès à l’aide humanitaire difficile. « La Somalie risque d’entrer dans une cinquième saison des pluies consécutive ratée, ce qui signifie que des centaines de milliers de personnes risquent la famine. La famine a coûté la vie à 260.000 Somaliens en 2010-2011. On ne peut pas permettre que cela se reproduise en 2022. Il est urgent de faire plus pour éviter ce risque et de le faire maintenant » déclare Adam Abdelmoula.
« Nous devons agir immédiatement pour éviter une catastrophe humanitaire. La vie des plus vulnérables est déjà menacée par la malnutrition et la faim, et nous ne pouvons pas attendre une déclaration de famine pour agir », a déclaré El-Khidir Daloum, Directeur du PAM en Somalie. « C’est une course contre la montre pour prévenir la famine et le PAM intensifie ses efforts autant que possible, en donnant la priorité à nos ressources limitées pour sauver les personnes les plus à risque. Mais comme le montrent ces nouveaux chiffres, il y a un besoin urgent de plus de ressources pour répondre à cette crise croissante de la faim », a-t-il dit.
En effet, la raréfaction des denrées locales depuis plusieurs saisons devient pesante. La crise entre la Russie et l’Ukraine n’a rien arrangé à la situation dans le pays. La chaîne d’approvisionnement en céréales interrompue, les prix ont touché le plafond des 140% à 160%, laissant plusieurs familles dans la famine. Par ailleurs, on dénombre depuis la mi-2021 environ 3 millions de tête de bétails sont mortes à cause de la sècheresse. Ceci entraine une baisse de la production de la viande, du lait et ses dérivés.
Les perspectives sont très pessimistes dans ce sens où la mal nutrition semble aller croissant. Le nombre d’enfants susceptibles d’être confronté au problème de famine s’élève à 1.5 millions, dont 386.400 susceptibles de souffrir de malnutrition sévère, soit une augmentation de 55.000 par rapport aux estimations précédentes.
La détérioration nutritionnelle déteint profondément sur l’intégrité physique et émotionnelle des populations au même moment que l’accès à l’éducation. Entre janvier et avril 2022, l’UNICEF a traité plus de 114 000 enfants souffrant de malnutrition. L’UNICEF a soutenu le traitement de plus de 114.000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère entre janvier et avril 2022. « Nous traitons des enfants, mais nous avons maintenant besoin de financements supplémentaires pour prévenir une famine et protéger l’avenir de chaque enfant somalien », a déclaré Angela Kearney, Représentante de l’UNICEF en Somalie. Cette situation rappelle la crise de famine de 2011 qui a tué environ un quart de millions de personnes dont la moitié était des enfants de moins de cinq ans. L’urgence est signalée.
Les financements jusqu’ici donnés ne réussissent qu’à couvrir 18% des besoins réels. « Le soutien requis ne s’est pas encore pleinement concrétisé, et des centaines de milliers de Somaliens courent un risque très réel de famine et de mort », a déclaré Etienne Peterschmitt, Représentant de la FAO en Somalie.
Il ajoute : « C’est une tragédie de voir le niveau de détresse que connaissent les communautés rurales en particulier, et nous sommes limités dans ce que nous pouvons faire pour prévenir cette souffrance extraordinaire. Nous appelons la communauté internationale à agir rapidement alors que nous avons encore un espoir d’empêcher l’effondrement des moyens de subsistance, de nouveaux déplacements potentiellement massifs de population des zones rurales vers les camps de personnes déplacées et une famine généralisée en Somalie ».
La Somalie une fois de plus se situe au cœur d’’une crise humanitaire du fait du changement climatique et des chocs externes. Les leçons des précédentes expériences semblent ne pas avoir été retenues par le gouvernement. Cette situation met encore en lumière les conséquences de l’instabilité politique et sécuritaire entraîne des conséquences qui nuisent gravement au reste de la personne.