L’adoption d’une autre monnaie dans l’union rentre en violation de l’article 3 de la convention régissant l’UMAC qui stipule que « l’union monétaire se caractérise par l’adoption d’une même unité monétaire dont l’émission est confié à un institut d’émission commun, la banque des États de l’Afrique centrale, régi par des statuts propres qui font partie intégrante de la présente convention »
Le Mardi 26 Avril, l’assemblée nationale centrafricaine au cours d’un vote par acclamation adopte le Bitcoin comme monnaie légale à côté du FCFA. Le Président centrafricain y voit une « nouvelle opportunité ».
Notons que la crypto monnaie contrairement au Mobile money et autres moyens de paiement à distance ne dépend d’aucune banque centrale. Il s’agit d’une monnaie virtuelle qui n’est régulé par aucune autorité monétaire. Les transactions se font sur des plateformes dont les innovations sont à la pointe de la technologie.
Selon We are Social, la RCA dispose d’une couverture numérique de 30.7%. La banque mondiale lors d’une étude menée en 2019 conclut que la couverture électrique dans le pays est de 15% Ces paramètres donnent de mener des réflexions quant à la problématique de la mise œuvre de cette loi, qui demande un cadre propice et des infrastructures dédiées.
Le Nigéria a précédé la Centrafrique dans cette démarche en adoptant une monnaie virtuelle comme monnaie légale à côté du Naira. La grande différence est que l’eNaira est associée au Naira et régulé par la banque centrale Nigériane. Sa valeur est rattachée au Naira au taux de change officiel.
La réaction de la BEAC et de la Banque Mondiale face à la Loi sur la cryptomonnaie en RCA.
Les autres pays de la CEMAC, ont été au même moment que le grand public informé de cette nouvelle, alors que le pays appartient à une union monétaire. A cet effet, son excellence Mahamat a transmis une correspondance à Monsieur Hervé NDOBA, ministre des finances et du budget, président en exercice du comité ministériel de l’UMAC, mettant en lumière les déviances de cette action.
« Cette loi donne à penser qu’elle a pour objectif principal d’instaurer une monnaie centrafricaine échappant au contrôle de la BEAC, susceptible de concurrencer ou supplanter la monnaie légale dans la zone CEMAC et de mettre en péril la stabilité monétaire ». L’adoption d’une autre monnaie dans l’union rentre en violation de l’article 3 de la convention régissant l’UMAC qui stipule que « l’union monétaire se caractérise par l’adoption d’une même unité monétaire dont l’émission est confié à un institut d’émission commun, la banque des États de l’Afrique centrale, régi par des statuts propres qui font partie intégrante de la présente convention »
Ainsi, il a été question pour les pays membre de l’UMAC de se rassembler dans le cadre d’une réunion extraordinaire entre le 05 et 06 Mai dans l’optique de s’entendre quant à cette loi.
La Banque mondiale exprime son inquiétude quant l’application de cette loi. « Nous avons des inquiétudes concernant la transparence et les implications au niveau de l’inclusion financière, le secteur financier et la finance publique en général » poursuit Han Fraeters. Par ailleurs, la banque mondiale met en lumière les problématiques d’ordre écologique. En effet, l’utilisation de cette monnaie demandera à mobiliser d’énormes ressources énergétiques.
Les divergences autour de cette loi n’est pas seulement du ressort des institutions sous régionales et internationale. Au sein de l’assemblée nationale centrafricaine, plusieurs voies en la monnaie virtuelle une menace. Pour ces derniers, l’adoption du Bitcoin comme monnaie légale participera à l’expansion du blanchiment d’argent et la hausse de la fraude fiscale.
La configuration de ce système peut organiser un anonymat des transactions et des données qui sont contenues dans ce système et qui fait craindre finalement l’utilisation de ce système à des fins criminelles. On sait que dans la zone, dans nos pays, il y a le phénomène de terrorisme et notamment avec le déploiement de Boko Haram et d’autres groupes criminels où il a été démontré qu’ils ont recours à des crypto-actifs pour se financer, précise Didier Loukakou. Il faudrait éviter que ce nouveau système n’héberge des transactions à des fins criminelles. C’est ça la principale source de risque qu’il faut endiguer.
La réunion demandée par la BEAC au sujet de la loi promulguée permettra d’être fixé quant au sort qui est réservé à cette innovation dans la zone CEMAC. Sera-t-il est question de refus catégorique ou d’aménagement d’un cadre règlementaire pour permettre un déploiement sain du Bitcoin dans le pays ? Les résolutions prises au cours de ces échanges permettront de mieux entrevoir l’avenir de cette monnaie virtuelle dans l’UMAC.