À la suite des manifestations du 20 octobre dernier au Tchad, un procès de masse a été entamé depuis le 29 novembre dernier jusqu’au 2 décembre dans le tribunal de Grande instance de N’Djamena délocalisé à Koro Toro. Procès mitigé puisque les décisions prises ont soulevé de nombreuses interrogations et indignations.
Les jeunes qui ont été arrêtés ont été condamnés à des peines de prison ferme, une décision dénoncée par certains avocats qui ont l’intention de faire appel.
Un procès sans avocats pour les manifestants
Le tribunal a fait l’objet de boycott. Délocalisée dans une prison de haute sécurité à Koro Toro, une localité située à plus de 500 km au nord-est de la capitale N’Djamena, les avocats ont décidé de ne pas s’y rendre à cause de la procédure de dépaysement qu’ils ont qualifiée d’illégale.
Sur les 621 jeunes qui ont comparu, 262 prévenus ont été condamnés à des peines fermes d’emprisonnement allant de 2 à 3 ans. Tandis que 80 autres prévenus ont reçu des peines avec sursis allant de 12 à 24 mois et 59 autres ont été déclarés non coupables et relâchés au bénéfice du doute.
Le verdict a été rendu par Moussa Wade Djibrine, le Procureur de la République auprès du tribunal de Grande Instance de N’Djamena qui a ajouté que 80 des mineurs poursuivis devant le Jude pour enfants, ont été ramenés dans la maison d’arrêt de Koro Toro à N’Djamena pour la suite.
Fait choquant, les prévenus n’ont pas pu bénéficier de l’assistance d’avocats durant le procès et les auditions. Le président de la Commission défense des droits de l’homme au Barreau du Tchad, Frédéric Dainoné a qualifié cela de mascarade. Il a déclaré qu’il s’agissait d’un non-droit qu’ils entendaient dénoncer. Ces avocats ont décidé de faire appel depuis hier et demander à la cour d’annuler toutes ces condamnations prononcées dans la violation des règles de procédures et des règles de fonds dans un procès juste et équitable.
Aucune liste des prévenus relaxés ou condamnées n’a été rendue publique. Quant aux parents, ceux-ci ne savent pas non plus quand ceux qui ont été condamnés à des peines avec sursis ou relaxés seront ramenés à N’Djamena.
Vendredi dernier, Amnesty International dénonçait le procès à huis-clos tant il inquiète au sujet du respect du droit à un procès équitable. Quant aux familles de certains détenus, ils se sont indignés du déroulement du procès et ont demandé la libération des enfants.