Un avocat tunisien a annoncé, dimanche, que la justice militaire a décidé de placer en garde à vue le journaliste Salah Attia, en raison de ses déclarations mettant en cause l’armée tunisienne.
Samedi, le journaliste Salah Attia a déclaré à la chaîne qatarie Al-Jazeera que « le président tunisien Kaïs Saïed a demandé à l’institution militaire d’encercler le siège de l’Union générale tunisienne du travail, suite à l’appel à la grève générale lancé, jeudi, par cette dernière ». Et : « L’armée a refusé d’accéder à la demande du président, et en a informé les dirigeants de la centrale syndicale » a-t-il ajouté. Suite à cette déclaration faite en mondovision, Samir Ben Amor, membre du pool d’avocats du journaliste, a annoncé ce dimanche, que « Le juge d’instruction du tribunal militaire a autorisé sa mise en garde à vue, ainsi que sa comparution devant le juge d’instruction lundi prochain ».
« Lors de l’audition d’Attia de la part de l’unité chargée de l’enquête, il a refusé de révéler la source de ses informations et s’est prévalu des dispositions du décret 115 de 2011 relatives à la liberté de la presse » a déclaré Ben Amor l’avocat de M. Attia.
« Le procureur militaire a autorisé l’ouverture d’une enquête contre le journaliste Salah Attia qui est accusé d’attentat ayant pour but de changer la forme de l’Etat, d’incitation des gens à s’armer les uns contre les autres ou à provoquer le désordre, le meurtre ou le pillage sur le territoire tunisien, d’imputer à un fonctionnaire public des faits illégaux en rapport avec ses fonctions, sans en établir la véracité, d’atteinte à la dignité, à la renommée, au moral de l’armée, d’outrage à autrui à travers les réseaux publics de communication » poursuivi Ben Amor.
Il faut noter que la Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle Kaïs Saïed a imposé des mesures d’exception, notamment la dissolution du gouvernement, la nomination d’un nouveau gouvernement, la dissolution du parlement et du Conseil supérieur de la magistrature, et la promulgation de lois par décret. Certains partis tunisiens voient ces mesures comme un « coup d’État contre la constitution », tandis que d’autres les voient comme une « correction du cours de la révolution de 2011 » qui a renversé le président de l’époque, Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).