Le 5 octobre dernier, l’Organisation des Pays Producteurs de Pétrole (Opep +) a bousculé le monde en annonçant à Viennes, sa décision de diminuer les quotas de production de pétrole. Une annonce qui ne cesse de faire parler et qui a suscité de vives réactions, notamment celle de Joe Biden.
Emmenée par Ryad, l’Opep+ a décidé de réduire son offre officielle de deux millions de barils par jour à partir du 1er novembre.
Les menaces de Biden
Comme il fallait s’y attendre, cette décision n’a pas été prise avec le sourire. Si les 13 membres du cartel et leurs dix partenaires justifient cette décision par la volonté de stabiliser le marché pétrolier face à une prochaine récession, Washington ne voit pas les choses du même œil.
À la Maison Blanche, l’on pense d’ailleurs que cette mesure a été annoncée à des fins politiques, dans le but de punir Washington et certaines autres capitales européennes et également en soutien à la Russie, qui fait partie du cartel, afin qu’elle puisse compenser sa perte de parts de marché due aux sanctions reçues suite à la crise avec l’Ukraine.
Biden qui s’est dit très déçu de cette décision, a annoncé qu’il y aura des conséquences pour cet acte, sans plus de détails. Biden réclamait une offre abondante, dans l’espoir de faire baisser les prix et réduire le contrôle du cartel sur les prix de l’énergie, mais avec cette mesure de l’Opep+, le cours du pétrole pourrait flamber et remplir les caisses russes qui comptent sur les ventes d’hydrocarbures pour financer la guerre en Ukraine.
L’économie mondiale, nouvelle victime
Biden a prévenu qu’il allait revoir ses relations avec l’Arabie Saoudite qui a pris le parti de la Russie dans ce conflit, au dépens des intérêts du peuple américain. Biden a également affirmé qu’il n’avait aucune intention de rencontrer le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, lors du sommet du G20 prévu le mois prochain en Indonésie, pour évoquer la question des hydrocarbures.
Et pour réévaluer les relations entre les deux pays, Biden a prévu des changements dans l’approche envers l’aide militaire à l’Arabie Saoudite. En effet, ce qui lie ces deux pays est un partenariat gagnant-gagnant basé sur la sécurité fournie par les américains, en retour du pétrole saoudien. De leur côté, les saoudiens ont rejeté ces accusations en assurant que la démarche du cartel est à des fins purement économiques avec pour objectif de maintenir un marché du pétrole durable.
Selon le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, Biden est prêt à travailler avec le Congrès pour réfléchir à ce que doit être cette relation.
Mais tout ce remue-ménage ne sera pas sans conséquences sur l’économie mondiale. D’ailleurs, dans son dernier rapport mensuel rendu public le 13 octobre, l’Agence internationale de l’énergie a revu nettement à la baisse ses prévisions de croissance de la demande de pétrole dans le monde, affectée par des niveaux de prix encore accrus par la décision de l’OPEP+ de réduire sa production.
L’économie mondiale est déjà au bord de la crise, si à cela, il faut rajouter la hausse des prix du pétrole, personne ne peut prédire ce qui se passera. Surtout pour l’Afrique qui en ce moment, subit les conséquences du Covid-19, de la crise russo-ukrainienne et de ses propres crises sociales rencontrées dans les différents pays du continent. En d’autres termes, le monde en général, et l’Afrique en particulier, ne peuvent pas se permettre un tel scénario.