Le résultat du bilan à la date de clôture du 31 décembre 2021, est en hausse de plus de 60% par rapport à l’exercice 2020 pour la BEAC.
Lors de leur rencontre, le Comité ministériel de l’Union Monétaire d’Afrique Centrale (Umac), s’est penché sur l’approbation des états financiers de la Banque centrale arrêtés au 31 décembre 2021. Au cours de cette session ordinaire à Douala, capitale économique du Cameroun, ce 13 avril, les états affichent un résultat net excédentaire de 49,8 milliards de FCFA. C’est une performance largement supérieure (+60,7%) à celle réalisée un an plus tôt (un peu plus de 30,2 milliards de FCFA). Le Comité ministériel a ainsi décidé de « l’affectation du résultat net extériorisé par la Banque au terme de l’exercice clos au 31 décembre 2021, conformément aux dispositions statutaires pertinentes ». Toutefois les raisons de cette augmentation fulgurante ne sont pas donné par le comité ministériel. Mais l’accélération du processus de rapatriement des devises, qui aurait induit une augmentation des avoirs extérieurs de la Banque centrale, devrait y avoir contribué à plus d’un titre.
En effet, le nouveau règlement sur le change en zone CEMAC, en vigueur depuis 2019, a largement contribué à relever la position extérieure de la BEAC. Au 31 mai 2021, les réserves de change des 6 pays de la CEMAC (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, République centrafricaine, Tchad) étaient de 4137 milliards de FCFA contre 4 951 milliards au 31 mai 2020, soit une contraction de 16,43% en un an. La banque tablait même un relèvement de ces réserves à 4585,8 milliards de FCFA en décembre 2021. Le taux de couverture extérieure de la monnaie passerait de facto à 66,2 % contre 64,0 % un an plus tôt. En applicant ce règlement aux compagnies pétrolières et minières qui opèrent dans la sous-région, cela pourrait davantage relever le niveau. Le Comité ministériel demande à cet effet aux Etats de « renforcer la transparence et favoriser le rapatriement des recettes pétrolières » et « soutenir la Beac dans l’application de la Règlementation des changes, notamment par les opérateurs du secteur extractif », lisons nous dans leur communiqué.
En zone Cemac, l’inflation importée est manifestement l’expression de l’explosion des coûts du fret maritime, ainsi que la flambée des prix des matières premières agricoles et du pétrole brut. Cette réalité qui perdure depuis le début de la pandémie COVID 19 s’est aggravée depuis fin février 2022 avec le conflit Russo-Ukrainien. Une situation qui a impacté sur les prix de certaines matières premières en particulier l’énergie, les produits agroalimentaires et les intrants agricoles. La Beac ayant pour objectif statutaire de stabiliser les prix a à cet effet décidé de revoir à la hausse, 2 de ses 4 principaux taux directeurs. Il s’agit notamment du Taux d’intérêt des appels d’offres, principal outil dont dispose la Beac pour influer sur l’octroi de crédits aux banques commerciales, qui passe de 3,5% à 4%. Analysant la situation macro-économique de la Sous-région, l’Umac n’a pas manqué de relever la fragilité des économies de la Cemac exhortant les « Etats qui disposent d’un espace budgétaire à prendre des mesures pour maintenir le rythme de la reprise qui se met progressivement en place ».
Le comité n’exclut pas une intervention du FMI pour juguler ces effets néfastes sur les économies de la sous-région. Il préconise aux Etats de s’accorder avec le fonds sur les mesures devant permettre de contenir les effets induits par cette crise.