La RCA a officiellement lancé la mise en œuvre de son projet Sango, visant à faire du pays le plus grand crypto-hub africain. Le Président Faustin Archange Touadéra compte bien profiter des avantages de la crypto monnaie dans le cadre du développement de son pays et ce malgré les mises en garde de la BEAC et du FMI. Le projet permettra de proposer une alternative au financement traditionnel et à la bureaucratie financière.
Le Président centrafricain a annoncé lors d’un événement online « un nouveau système numérique alimenté par la technologie Blockchain ». Alors que le bitcoin et de nombreuses autres crypto monnaie sont en chute libre, le projet Sango compte nager à contre-courant. Des détails concrets n’ont pas été énoncés quant au délai de mise en œuvre du projet.
Le contexte socio-économique et politique du pays est marqué par la guerre et l’inflation du fait de la crise entre la Russie et l’Ukraine. Cette instabilité a plongé les populations dans la misère, l’analphabétisme et la dépendance. Les aides dont bénéficient le pays ne sont plus suffisantes pour subvenir aux besoins internes.
Projet Sango repose grandement sur l’utilisation de smartphone
Faustin Archange Touadéra, président de la RCA a fait un audit de l’environnement économique et financier de son pays et au vu du faible taux de bancarisation et du manque criard d’infrastructures, décide de nager à contre-courant en concrétisant le projet Sango. La dynamique que propose le président repose sur l’adoption croissante du smartphone.
D’après le blog we are social, en 2021 le pays compte près de 1.5 million de smartphone connecté, ce qui représente 30.7% de la population totale. Le taux de connexion internet a également progressé. Il est passé de 5.4% en 2020 pour atteindre les 11.4% en 2021. Cette évolution dans le domaine du numérique constitue un grand pas et un axe stratégique de la construction du crypto-hub dont rêve le président de la République centrafricaine.
Les chiffres parlent contre la faisabilité du projet Sango
Toutefois, des faits concrets amènent à interroger la faisabilité de ce projet. En effet, d’après la banque mondiale seul 14.3% de la population a accès à l’électricité, 71% vivent en-dessous du seuil international de pauvreté (moins de 1,90 dollar US par jour) et plus de la moitié ont besoin d’aide humanitaire. Les conflits et guerres civiles entravent les échanges à l’intérieur du pays, le déficit en termes d’infrastructure et la réticence des bailleurs de fonds au sujet de ce projet semblent être en défaveur de l’ambition du pays.
En effet, plusieurs paramètres rentrent en jeu dans la mise en œuvre d’un projet de cet acabit. Il y’a tout d’abord le plateau technique qui pour le cas de la RCA n’est pas fourni et adapté. Nous avons également le niveau d’éducation financière/technologique et enfin, la question du financement de ce projet.
Si la première et la dernière question peuvent être réglées dans des délais brefs, la question de l’éducation financière/technologique est un travail de longue haleine. La complexité et l’originalité des crypto monnaies s’inscrivants aux antipodes de la finance classique demandent un temps d’adaptation que varie selon le sujet. Par ailleurs, il est important de savoir quelle serait la réaction des partenaires commerciaux face à ce changement drastique.
Le président Faustin Archange Touadérane ne semble pas effrayé par cette montagne d’obstacles. Il reste focalisé sur les richesses dont dispose le pays et comment cette initiative les mettra en valeur pour le rayonnement de l’économie nationale.
La RCA fait preuve de témérité quant à la mise en œuvre du projet Sango. Cependant, il est important d’étudier la faisabilité de ce projet au travers de l’environnement national et international, car le timing est un facteur déterminant du succès ou de l’échec de cette opération.