La police guinéenne a violemment arrêté ce mardi 5 juillet trois leaders du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), parti central dans l’opposition au troisième mandat d’Alpha Condé, pour leurs propos tenus sur internet.
Oumar Sylla dit Foniké Mengué, Mamadou Billo Bah et le rappeur Djanii Alfa ont été arrêtés par la police guinéenne, accusé d’avoir discrédité la justice guinéenne dans des publications sur les réseaux sociaux.
Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, une scène d’extrême violence. Cette vidéo montre le militant prodémocratie Foniké Mengué être traîné au sol par des policiers de la Brigade de Répression du Banditisme (BRB), puis jeté violemment dans la benne d’un pick-up, où se trouvaient également le rappeur Djanii Alfa et Billo Bah, responsable de la mobilisation au sein du FNDC. « On n’acceptera jamais de remplacer une dictature civile par une dictature militaire », s’écrie Billo Bah, la bouche en sang.
Cette triple arrestation a eu lieu au siege de FNDC, au début d’une conférence de presse dans laquelle l’organisation s’apprêtait à dénoncer la décision du procureur, jugée « illégale » et « arbitraire ».
« Profondément choqué et indigné »
En effet, l’avocat des trois hommes, Salifou Béavogui, a indiqué à l’AFP que, le rappeur Djanii Alfa avait récemment critiqué des propos du président du CNT, Dansa Kourouma, qui prônait un regroupement des partis de Guinée dans deux ou trois blocs en fonction de leur idéologie, avant d’être menacé d’arrestation par le procureur. M. Sylla quant à lui, avait critiqué ces menaces du procureur sur sa page Facebook. Les propos reprochés à M. Bah n’ont pas été précisés.
M. Béavogui a assuré mardi que, les militants du FNDC étaient détenus dans les locaux de la police judiciaire et présentaient des « blessures ouvertes sur plusieurs parties de leur corps » provoquées par leur arrestation. À la suite de cela les réactions indignées se sont multipliées dans la soirée.
Le chef du principal parti guinéen, Cellou Dalein Diallo a tweeté « Je suis profondément choqué et indigné par la barbarie qui a caractérisé l’arrestation, injuste et illégale, par les forces de l’ordre, des principales figures du FNDC ». Il a par ailleurs demandé leur libération. « Cela démontre que le système n’a pas changé », a également réagi Alseny Sall de l’Organisation guinéenne pour la défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH).
Depuis quelques mois, les autorités sont publiquement critiquées. Interdire les manifestations et fixer une période de transition de trois ans, n’a pas été accepté par la population guinéenne. « Le CNRD a libéré les détenus d’opinion et les met désormais en prison », a ainsi dénoncé un responsable du FNDC qui doit annoncer dans les 48h une manifestation contre la confiscation du pouvoir par la junte.