Le 8 Avril 2022, s’est tenue une réunion au cours de laquelle Mamadi Doumbouya, a décidé d’accorder un délai d’un mois aux entreprises afin d’établir un calendrier pour la construction de raffineries de bauxite.
La Guinée possède les plus grandes réserves de bauxite au monde (7,4 milliards de tonnes environ). Essentiel dans les industries automobiles ou alimentaire, le bauxite, est un minerai utilisé dans la fabrication de l’aluminium. Le pays est également le deuxième producteur mondial de ce minerai. La Chine importe de la Guinée environ la moitié de ses besoins en bauxite.
Cependant malgré la richesse des sols guinéens, les bénéfices tirés leur exploitation restent insuffisants. Une situation attribuée par les experts à l’insuffisance des investissements dans le développement d’un tissu économique local, le manque d’infrastructures essentielles, la corruption et les lacunes de la législation existante.
« Malgré le boom minier dans le secteur de la bauxite, il est clair que les revenus attendus sont en deçà des attentes, et […] nous ne pouvons pas continuer ce jeu de dupes qui perpétue une grande inégalité dans nos relations », a affirmé le colonel Doumbouya aux industriels.
Des entreprises comme la Société Minière de Boké (SMB, un consortium formé par l’armateur singapourien Winning Shipping, le producteur chinois d’aluminium Shandong Weiqiao et le Yantaï Port Group) ; la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG, détenue à 49% par l’Etat guinéen et à 51% par Halco Mining Inc, un consortium formé par l’américain Alcoa, l’anglo-australien Rio Tinto-Alcan et Dadco Investments) ; et le russe Rusal, opèrent toutes dans ce secteur.
Doumbouya a convié à cette réunion les représentants d’une douzaine de sociétés et au moins 6 d’entre-eux ont répondu présent.
Selon le ministre des mines, toutes ces sociétés étaient tenues par les conventions de l’Etat guinéen (depuis 1983 pour la CBG) de construire des raffineries.
La société chinoise TBEA, par exemple, est censée construire une fonderie d’aluminium, a-t-il déclaré, ajoutant que certaines de ces sociétés n’ont même pas produit d’étude de faisabilité.
Le non-respect de ces conventions est une « cause de nullité » et leur application est « non négociable » pour le gouvernement, a déclaré le chef de l’Etat. La transformation du minerai sur place « devient incontournable, c’est une nécessité et doit se faire sans délai ».
« Je vous demande de revenir vers le ministre des mines et de la géologie avec des propositions, un projet, un calendrier précis de construction de raffineries d’alumine en République de Guinée. » a ajouté le colonel. « Toutes les matières premières utilisées dans le processus de fabrication doivent également être produites localement » déclare t-il encore. Il a également insisté sur le fait que les entreprises ne respectant pas ses différentes dispositions seront sous le coup de sanctions.
Cependant, en mars, il a ordonné l’arrêt de toute activité dans l’énorme gisement de minerai de fer de Simandou, exigeant que les intérêts nationaux soient préservés par ses opérateurs étrangers, dont SMB et Rio Tinto. Un accord-cadre de 15 milliards de dollars a été signé entre l’Etat guinéen et les opérateurs fin mars pour co-développer le gisement.