Le malheur des uns fait définitivement le bonheur des autres. La Russie perd un nouveau client au profit du Nigéria. Aujourd’hui, c’est vers le Nigéria que la Pologne s’est tournée afin d’avoir du gaz et augmenter ses expéditions de GNL.
Le Nigeria était déjà l’un des fournisseurs de gaz de la Pologne. Lors d’une réunion avec Muhammadu Buhari, le Président Duda a relevé que le Nigéria assurera une augmentation régulière de l’approvisionnement de la Pologne et l’UE en GNL.
Le bon plan du Nigeria
Depuis le début de la crise russo-ukrainienne, le monde est plongé dans une crise alimentaire et une crise énergétique sans précédent. Les prix de l’énergie se sont envolés à la suite de la décision de Moscou de réduire ses exportations de pétrole et de gaz naturel, ce qui rend la vie en Europe de plus en plus chère.
La Pologne ayant résilié son contrat avec la Russie, a dû trouver de nouveaux fournisseurs. Grâce à sa richesse en pétrole, le Nigéria est devenu prisé par les pays qui n’ont pas son sol et qui veulent des hydrocarbures.
Duda a rappelé que ce ne serait pas la première fois que son pays collabore avec le Nigeria. En effet, la Pologne avait déjà fait des importations de pétrole brut en provenance du Nigeria via leur compagnie pétrolière Latos. Duda a apprécié ce nouveau partenariat qui est également l’occasion pour les deux pays de renforcer leurs relations, surtout sur le plan économique.
Mais la Pologne n’est pas le seul pays à aller vers le Nigéria. En mai dernier, Matthew Baldwin, directeur général adjoint du département de l’énergie de l’UE a déclaré qu’elle avait besoin d’approvisionnements supplémentaires de gaz nigérian. Un besoin qui survient à cause de la réduction des approvisionnements de la Russie qui fournissait environ 40 % des besoins en gaz de l’Europe avant la crise.
Les difficultés que peut rencontrer le Nigéria
Face à cette forte demande du gaz et pétrole nigérians, se pose la question de la capacité du pays à y répondre sans problème ? En ce moment, l’économie nigériane est durement touchée avec la valeur de la monnaie locale en chute libre. Il y a également la violence à laquelle est soumis le secteur énergétique du pays ; il doit faire face à la présence des militants du delta du Niger qui s’adonnent à des vols de pétrole brut sans précédent.
Devant ces inquiétudes justifiées, le ministre nigérian du pétrole Timipre Sylva a exprimé la volonté du Nigéria de devenir un fournisseur alternatif de l’Europe.
Il a relevé la collaboration entre son pays et l’Algérie afin de construire le gazoduc Trans-Sahara qui va acheminer le gaz nigérian vers l’Europe. Le Nigéria travaille également avec le Maroc pour étendre le gazoduc de l’Afrique de l’Ouest au Maroc et à travers la Méditerranée jusqu’en Europe.
Sylva pense que ces besoins en énergie de l’Europe sont l’occasion pour le Nigéria de faire en sorte que les banques européennes réduisent les investissements discriminatoires dans lesquels elles excellent.
Pour le banquier d’affaires et économiste Adetilewa Adebajo, il n’y a aucun doute quant à la capacité du Nigeria à répondre à une partie de la vaste demande européenne, à condition que la volonté politique s’aligne. Face à The Africa Report, il a souligné que le Nigeria a déjà enregistré quelques succès dans le secteur du pétrole et du gaz, notamment avec le GNL qui a enregistré un investissement supplémentaire de 8 milliards de dollars pour l’expansion du septième train.
Grâce à ces investissements, le Nigéria est en voie de stimuler la production de l’électricité. Le pays pourrait connaître un pic de croissance et de développement dont il a plus que besoin.